Donat Savoie, qui travaille depuis 1967 en milieu arctique et qui a participé à l’audience de Montréal de la Commission populaire à titre de conseiller spécial de la Société Makivik, a fait le lien entre les conditions scandaleuses de logement au Nunavik et l’itinérance inuite à Montréal.
M. Savoie a affirmé que les Inuits, qui représentent 10 % des Autochtones vivant à Montréal, y comptent pour 45 % de l’itinérance autochtone. Il a ajouté que toutes sortes de raisons les poussent à venir vivre au Sud. Parmi celles-ci, on retrouve l’attrait de la ville, le désir de poursuivre des études et de trouver un emploi mais aussi la crise du logement au Nunavik, l’itinérance voilée qui y sévit, le coût élevé de la vie, la grande pauvreté, l’insécurité alimentaire, la violence physique et les abus sexuels, les problèmes conjugaux, etc. Comme il l’a expliqué, « les causes de l’itinérance inuite à Montréal originent du Nunavik ».
« Plusieurs personnes quittent Kuujjuaq parce qu’elles n’ont pas de place pour vivre », a d’ailleurs témoigné une jeune Inuite lors du passage de la Commission dans cette communauté.
L’itinérance entraîne cependant son lot de problèmes, notamment de santé physique et mentale. M. Savoie en a donné un exemple très concret : « Les femmes, qui représentent environ la moitié de la population itinérante inuite, renouent souvent avec la violence qu’elles voulaient fuir au Nunavik ».
Malgré l’importance de l’itinérance autochtone à Montréal, un seul refuge de nuit est dédié spécifiquement à ce groupe, soit Projet Autochtones du Québec. La moitié des visiteurs et des visiteuses de ce refuge sont inuits. Par ailleurs, 15 % des femmes fréquentant le refuge Chez Doris sont des Inuites.