C’est autour de l’augmentation éhontée des tarifs d’Hydro que la mobilisation contre les choix budgétaires et fiscaux du gouvernement québécois se mènera, cet automne. Dès la rentrée, la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics lance un argumentaire de 20 pages faisant le procès des hausses, mais aussi du détournement de mission d’Hydro-Québec. La Coalition appelle aussi à une manifestation nationale, le 28 septembre, à Montréal. Le départ se fera à 13 h au Carré Philips (métro McGill).
En juin dernier, l’Assemblée nationale a adopté une loi mettant en application certaines dispositions du budget de novembre 2012, dont le dégel des tarifs du bloc d’électricité patrimoniale d’Hydro-Québec à partir du 1er janvier 2014 [1]. Même si le Parti québécois a promis le contraire en campagne électorale, la mesure mise en œuvre par le gouvernement Marois se traduira par une augmentation supplémentaire des tarifs d’environ 1,2 % annuellement.
Malgré leur bas prix, les tarifs du bloc patrimonial génèrent déjà une partie appréciable des profits d’Hydro-Québec, qui étaient de 1,2 milliard $ en 2011. Les hausses ont donc pour seul objectif de contribuer à l’atteinte de l’équilibre budgétaire du gouvernement.
Cette hausse du bloc patrimonial viendra s’ajouter à celle accordée annuellement par la Régie de l’énergie dans le cadre de la réglementation sur les tarifs d’électricité. Pour la période débutant le 1er avril 2014, c’est une augmentation de 5,8 % qui est demandée par Hydro-Québec ! Il s’agit de la plus forte hausse depuis 20 ans. La facture moyenne des ménages augmenterait d’environ 75 $, mais celle des locataires dont le logement est mal isolé pourrait dépasser les 100 $, voire 150 $ l’an prochain. Notons que ces augmentations ne seront pas refilées aux grandes industries qui consomment pourtant davantage cette ressource collective et qui continuent de recevoir des cadeaux.
Comme elles s’appliquent au même taux pour tous les ménages, ces hausses de tarifs sont régressives. Elles affectent plus durement les plus pauvres puisqu’ils doivent consacrer une plus grande part de leur revenu à l’électricité, un bien essentiel. Selon les données compilées en 2010 par Hydro-Québec, une personne gagnant moins de 10 000 $ y consacre 8,8 % de son revenu alors qu’une gagnant 60 000 $ et plus y consacre 1,7 %. Ainsi, avant même l’entrée en vigueur des nouvelles hausses de tarifs, plusieurs peinent déjà à payer leur facture d’électricité. En 2012, le nombre de ménages débranchés pour non-paiement était de 41 430. Ce nombre s’ajoute à celui des ménages en difficulté qui ont conclu une entente de paiement avec Hydro-Québec. Ce dernier a bondi de presque 50 % depuis un an [2].
Notes
[1] Le bloc patrimonial est une quantité d’électricité produite par Hydro-Québec et réservée pour les besoins québécois. Il a été instauré en 2000 et son prix a été fixé dans la loi à un tarif avantageux de 2,79 ¢ / kWh. Le gouvernement disait alors vouloir établir et maintenir un juste prix ici, pour la production générée principalement par les centrales hydroélectriques existantes. Ces ouvrages plus anciens, dont les coûts de construction, financés par les Québécoises et les Québécois, étaient amortis ou en voie de l’être, constituent notre patrimoine collectif.
[2] argent.canœ.ca/nouvelles/affaires/les-debranchements-hydro-chutent-13122012