Vienne, le 26 avril 2023 – Profitant de sa participation à une mission sur le logement dirigée cette semaine à Vienne par la mairesse de Montréal, Mme Valérie Plante, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) affirme que l’augmentation de la part occupée par le logement social est la perspective dont doit se donner le Québec pour sortir durablement de la crise qui affecte les locataires. Le regroupement estime que le Québec peut apprendre des politiques de logement de la ville de Vienne, qui assume aussi le rôle d’État, particulièrement quant à la place et au rôle du logement social. Selon la porte-parole de l’organisme, Véronique Laflamme, qui s’est rendue sur place, « au Québec, le logement social ne représente que 10 % du parc de logements locatifs, alors qu’à Vienne, plus de 45 % des logements locatifs sont des logements sociaux hors-marché appartenant à des sociétés municipales, des coopératives et des organismes à but non lucratif». Si on prend en considération l’ensemble des logements subventionnés, le pourcentage sur l’ensemble des logements locatifs s’élève carrément à 60 % à Vienne.
220 000 logements viennois appartiennent à des sociétés municipales et plus de 200 000 à des coopératives et à des organismes à but non lucratif (OSBL). La ville finance autour de 7000 logements subventionnés par année. La porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, y voit « la preuve qu’il est non seulement souhaitable, mais tout à fait faisable d’accroître la part du logement échappant aux règles de la marchandisation et de la spéculation ». Une partie de l’impôt sur le revenu est utilisée pour financer les politiques de logement social de la ville, ce qui assure une prévisibilité du financement. Ce modèle stable de financement devrait aussi inspirer le Québec selon elle. Par exemple, la province pourrait envisager de consacrer un pourcentage des dépenses publiques au logement social.
La porte-parole du FRAPRU note par ailleurs l’intérêt des politiques actuelles de logement social municipal de la ville qui tiennent aussi compte des enjeux environnementaux, en promouvant activement des bâtiments écologiques et durables, afin de contribuer à lutter contre le changement climatique.
« Le logement social, c’est beaucoup plus qu’un toit bon marché au-dessus de sa tête. En étant hors marché il offre une vraie sécurité d’occupation. Il est le seul moyen de garantir une abordabilité pérenne en constituant un patrimoine collectif. Il a des retombées économiques, puisque l’argent économisé par les locataires est directement remis dans l’économie locale pour répondre à d’autres besoins de base affirme la porte-parole, rappelant le rôle que le logement social permet de mettre en oeuvre très concrètement le droit au logement. Un fort pourcentage de logement social a aussi un effet sur le prix des loyers du marché privé, contribuant à les maintenir plus bas qu’ailleurs, même s’il ne remplace pas le contrôle universel des loyers demandé aussi par les associations de locataires viennoise.
En recul au Québec
Le FRAPRU rappelle que, de 1971 à 1991, la proportion de logements sociaux sur le parc locatif québécois a aussi augmenté de manière significative, passant de 0,5 % à 9,7 %, en particulier grâce à l’existence de programmes fédéraux de logements sociaux. La progression a été freinée par le retrait fédéral de 1994, mais elle a reprise, bien que, beaucoup plus lentement, à partir de 1997 avec la création du programme AccèsLogis. Or, le peu d’investissements dans ce programme dans les dernières années fait en sorte qu’après être monté à un peu plus de 11 %, le pourcentage de logements sociaux est retombé à 10 %.
Le FRAPRU est extrêmement inquiet de l’approche actuelle du gouvernement québécois qui ne permet pas la nécessaire prévisibilité dans le développement de logements sociaux, alors que la diversité des modèles de logements sociaux au Québec a pourtant fait ses preuves et que les besoins sont urgents dans toutes les régions. Le FRAPRU craint un recul encore plus important si le Québec ne se dote pas à nouveau d’un programme complet spécifiquement destiné à la réalisation de logements sociaux. Selon l’organisme, dans la perspective de doubler la part de logements sociaux, le gouvernement devrait commencer par lancer au plus vite un grand chantier de 50 000 logements sociaux, en 5 ans, autant sous forme de coopératives, que d’organismes sans but lucratif d’habitation et de logements publics gérés par les offices d’habitation. Un tel programme devrait aussi financer l’acquisition de logements locatifs existants afin de les protéger de la spéculation.
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Informations et entrevues : Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU : (418) 956-3403, veronique@frapru.qc.ca