Montréal, le 15 mai 2023 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain participe comme plusieurs de ses membres montréalais et de la Rive-Sud aux discussions de l’événement «Agir ensemble pour le logement» organisées aujourd’hui par Centraide du Grand Montréal. Les groupes de défense du droit au logement mettront de l’avant les solutions qu’ils préconisent pour sortir durablement de la crise du logement devenue quasi permanente.
Alors que la recherche de logement est encore extrêmement difficile à l’approche du 1er juillet, le FRAPRU constate que le fossé se creuse entre l’offre du marché privé et la capacité de payer des ménages locataires à modeste et à faible revenus vivant dans le Grand Montréal, les premières victimes de l’inabordabilité croissante.
Le FRAPRU rappelle que selon les données du recensement de 2021, dans la région métropolitaine de Montréal, 65 % des 231 555 ménages locataires consacrant plus de 30% de leurs revenus pour se loger ont un revenu de moins de 30 000$ par année. La cherté des logements disponibles rend carrément intenable la situation. Ce sont 24 070 ménages locataires qui consacrent déjà plus de 100% de leur revenu au loyer, s’alarme le regroupement de défense du droit au logement. « On devine que ces ménages doivent compter sur l’aide de leurs proches et sur l’aide alimentaire pour ne pas perdre leur logement et sont à haut risque de tomber en situation d’itinérance. Ces ménages n’ont pas le luxe d’attendre et il est inacceptable qu’ils n’aient pas accès à un logement social au moment où ils en ont besoin. Tous les chiffres déjà disponibles le démontrent : il y a des besoins urgents non répondus », dénonce Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.
Dans les circonstances, « résoudre cette crise durablement ne se fera pas simplement en augmentant l’offre de logements, mais en augmentant massivement l’offre de logements sociaux, sans but lucratif, les seuls qui puissent demeurer abordables de façon pérenne », insiste Véronique Laflamme. Malgré le boom immobilier des dernières années, les logements privés récemment construits ne règlent pas le problème de la majorité des locataires. Ils se louent beaucoup plus chers et ils contribuent à la logique inflationniste, rappelle le regroupement qui s’inquiète de la perte simultanée de milliers de logements qui étaient encore abordables.
Selon le FRAPRU, le logement social est pourtant la solution structurante éprouvée à privilégier pour permettre aux ménages locataires à faibles et modestes revenus de se loger décemment. Pourtant, ils ne représentent qu’une très faible proportion des mises en chantier des dernières années. Il faut rapidement tout mettre en œuvre pour en augmenter le nombre. « Pour y arriver, ça prend un programme. On n’arrivera pas à avoir un effet structurant sans cela », soulève madame Laflamme. Le regroupement fait ainsi écho à la volonté de la ministre de l’Habitation de recourir au secteur privé pour financer des projets de logements sociaux et communautaires. « Le Québec a revendiqué ses compétences en logement social durant des années, c’est sa responsabilité première de soutenir les ménages locataires à faibles et modestes revenus de plus en plus exclus par le marché privé et si on veut leur en assurer l’accès, ça prend un programme gouvernemental autoportant », conclut-elle.
Vu l’urgence de la situation et le désespoir grandissant des locataires n’arrivant pas à trouver un logement décent qu’ils et elles puissent se payer, le FRAPRU demande au gouvernement du Québec de bonifier sans attendre ses investissements en logement social. « Ça ne peut pas attendre au prochain budget. On ne peut plus laisser la situation se détériorer. Il faut tout faire pour accélérer le développement alors que des projets qui répondent à des besoins concrets poireautent pendant des mois. Il y a un très large consensus dans les milieux sociaux, communautaires et économiques, la balle est dans le camp du gouvernement Legault », insiste Véronique Laflamme.
En l’absence d’un autre programme autoportant de logement social, le FRAPRU demande à Québec d’apporter les améliorations attendues depuis plus de 4 ans au programme AccèsLogis dans lequel il reste plus de 7000 logements dont la construction n’est toujours pas commencée à livrer, dont des centaines à Montréal. Rappelons que le nouveau Programme abordable Québec (PHAQ, d’abord fait en fonction du secteur privé, présente de nombreuses lacunes et que les projets de logements sociaux et communautaires qui ont été retenu suite à l’appel d’offre lancé au printemps 2022 peuvent difficilement démarrer. Aucun des 1700 logements annoncés en juin dernier dans le PHAQ n’a encore été mis en chantier.
Plus généralement, le FRAPRU revendique, avec plus de 500 organisations, une politique globale en habitation basée sur la reconnaissance du droit au logement. Le regroupement demande à Québec de lancer un vrai chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans sous différentes formes, HLM, organisme sans but lucratif et coopératives d’habitation, autant en construction neuve que par le biais de l’acquisition de bâtiments résidentiels locatifs pour les sortir de la spéculation.
Les membres du FRAPRU de Montréal et de la Rive-Sud et d’autres groupes communautaires participant à l’événement « Agir ensemble pour le logement » on tenu une action de visibilité sur l’heure du dîner, devant le Centre Mont-Royal où se tient l’événement, pour rappeler les responsabilités du gouvernement québécois en matière de logement social et ses obligations à mettre en œuvre progressivement le droit au logement.
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Pour informations et entrevues
Véronique Laflamme : 418 956-3403
Catherine Lussier : 514 231-2309