Montréal, le 5 octobre 2023 – Quelques jours après la Journée mondiale de l’Habitat, les membres du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) ont manifesté à Ottawa cet après-midi, aux côtés de groupes alliés canadiens. Alors que la loi fédérale de mise en œuvre de la Stratégie nationale sur le logement, adoptée en 2019, reconnait que le droit à un logement suffisant est un droit fondamental, ils ont rappelé le gouvernement de Justin Trudeau à ses obligations envers les ménages locataires mal-logés. Ils ont ainsi revendiqué des investissements massifs ciblant le logement social. Au terme de la manifestation, un drapeau géant illustrant cette demande, a été installé devant le ministère des Finances.
Alors que la pénurie de logements locatifs sévit dans l’ensemble des régions métropolitaines du Québec et dans les plusieurs villes canadiennes, la spéculation immobilière et l’explosion du coût des loyers frappe plus durement les ménages locataires à faible et modeste revenus. Le loyer moyen a augmenté de 7,7 % entre 2021 et 2022 au Canada et de 9 % au Québec. À Gatineau, cette hausse a été de 22 %. Le loyer moyen mensuel des logements disponibles lui, atteint des records. Selon Rentals.ca, il était en septembre 2023 de 2521$ pour un logement de 2 chambres à coucher à Ottawa, 2237$ à Montréal, de 3413$ à Toronto.
Pendant ce temps, 943 170 ménages locataires au Canada ont des besoins impérieux de logement, avec un revenu annuel médian de 27 200$. Au Québec, ils sont 173 000 dans cette situation, avec un maigre revenu de 21 400$ par année. « Comment se fait-il que ces ménages-là, qui sont les premières victimes de la crise du logement, soient les grands oubliés des politiques fédérales de logement? Ce sont pourtant eux et elles qui sont à risque de tomber en situation d’itinérance à la première hausse de loyer, à la suite d’une éviction ou d’une séparation, de vivre dans des conditions de logement qui mettent à mal leur santé ou leur sécurité. », interroge Véronique Laflamme, porte-parole du regroupement québécois pour le droit au logement.
Alors que la Stratégie nationale sur le logement présentait un plan de 82 milliards $ sur dix ans, avec pour objectif que tous les ménages au Canada aient accès à un logement abordable répondant à leurs besoins, elle devait soutenir en priorité les plus vulnérables. « À mi-parcours, force est de constater que la Stratégie rate complètement sa cible! Au lieu de réajuster le tir et de mieux cibler les investissements, en donnant la priorité au logement social, autant sous forme de logements publics, de coopératives et d’organismes sans but lucratif d’habitation, le gouvernement Trudeau continue à dilapider les fonds publics dans des mesures qui ne répondent majoritairement pas aux besoins les plus urgents », dénonce Véronique Laflamme, rappelant que les voix se sont multipliées dans les derniers mois pour critiquer cet éparpillement.
En plus du Conseil national du logement et de la Défenseure fédérale du logement, plusieurs organismes de défense du droit au logement ou plus largement de la société civile, tels le FRAPRU, le Réseau canadien du droit au logement, le Syndicat de la fonction publique du Canada et le Conseil canadien des politiques alternatives (présents à la manifestation) demandent au gouvernement de concentrer ses investissements dans le logement social, hors-marché privé.
« L’opérationnalisation de la Stratégie nationale sur le logement et les annonces des dernières semaines démontrent à quel point le gouvernement fédéral fait fausse route, en ne misant que sur l’augmentation de l’offre de logements. Sans se soucier de leur accessibilité financière, l’accès au logement ne cessera pas de se détériorer et les loyers d’exploser. Pour preuve, alors que les mises en chantier ont doublé entre 2016 et 2021 au Québec, la pénurie de logements répondant à la capacité de payer des locataires n’a fait que se creuser et les prix ont continué leur ascension frénétique. C’est bien le manque de logements sociaux et de mesures de contrôle du marché locatif privé qui sont les principaux responsables de la crise actuelle ! », insiste Catherine Lussier, co-responsable des dossiers fédéraux au FRAPRU, craignant que ce genre de politique contribue à l’inflation rapide du coût des logements.
Selon le FRAPRU, le nouveau programme de coopératives et l’Initiative pour la construction rapide de logements (ICRL) sont les deux seules mesures qui pourraient permettre de faire une différence, en étant dédiées à la réalisation de projets sans but lucratif. Or, le premier se fait attendre depuis deux ans et la seconde n’a été renouvelée que trois fois, pour un total de 4 milliards $, soit une infime partie des dépenses fédérales dédiées à l’abordabilité.
« Alors que le gouvernement fédéral affirme vouloir agir face à la crise du logement, s’il veut réellement répondre aux besoins qui ne cessent de se creuser, il doit non seulement refinancer l’ICRL dès cet automne, mais aussi diriger l’ensemble des sommes réservées au logement dans le cadre de sa Stratégie vers le secteur hors-marché », affirme Véronique Laflamme. Elle ajoute que « pour que ces logements puissent se réaliser rapidement et que leur abordabilité soit garantie pour les ménages à faible et modeste revenus, ça doit passer par des programmes complets et pérennes dédiés au logement social ».
Pour le FRAPRU, comme pour les autres groupes membres de la campagne Logement social et Droits humains, mobilisés ailleurs au pays dans le cadre d’une journée d’actions, le logement social représente la seule façon d’améliorer de façon durable la situation des ménages locataires, des personnes et familles en situation d’itinérance, ainsi que de progresser dans la mise en œuvre du droit au logement. Ils demandent au gouvernement des investissements conséquents dès la mise à jour économique et financière de l’automne.
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Pour plus d’informations
Véronique Laflamme, FRAPRU : 418 956-3403
Catherine Lussier, FRAPRU : 514 231-2309