Montréal, le 20 février 2024 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) réagit avec circonspection à l’annonce d’un partenariat « novateur » avec une fondation philanthropique pour construire 1000 nouveaux logements sociaux pour personnes aînées autonomes. Selon le regroupement qui fait la promotion du logement social comme clé de sortie de la crise du logement, compter sur de tels partenariats publics-privés pour réaliser et financer des logements sociaux comporte plusieurs dangers. Selon lui, cette annonce ne doit surtout pas servir de modèle. « Veut-on réellement se rendre dépendant du bon vouloir des philanthropes pour financer un programme social, surtout si c’est pour loger décemment les aînés les plus pauvres? », se questionne Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU. Il s’agirait, à son avis, d’un sérieux retour en arrière.
« Tout ajout de logements sociaux dans les différentes municipalités du Québec est une bonne nouvelle. Cependant, si on veut financer des logements sociaux pour les locataires aînés et les autres locataires ayant des besoins urgents de logement, il faut le faire avec des programmes gouvernementaux qui fonctionnent. Si les riches veulent contribuer à ces programmes, la meilleure façon de le faire serait par une fiscalité plus progressive qui rendrait plus de fonds disponibles dans les coffres de l’État pour les programmes sociaux comme le logement social », commente Véronique Laflamme. Le FRAPRU convient que la cession de logements aux offices d’habitation, dont plusieurs voient leurs listes d’attente s’allonger, est une bonne nouvelle, mais estime que ce sont des programmes dédiés au logement social, hors marché privé, dont un programme de logements publics, qui s’imposent pour s’attaquer au problème de la pénurie persistante de logements sociaux.
Le FRAPRU s’inquiète des dérives de la ministre France-Élaine Duranceau qui, depuis son arrivée en poste, favorise le financement de projets de logements sociaux et communautaires hors-programmes, tout en refusant d’améliorer les programmes gouvernementaux pour qu’ils permettent de réaliser plus rapidement les logements sociaux. « On dirait que Québec fait exprès de montrer que ça marche mieux quand c’est le privé qui a le contrôle des projets », s’exclame Véronique Laflamme. Cette façon de faire laisse trop de place aux choix politiques discrétionnaires, selon le regroupement. Il questionne le fait par ailleurs que ce soit le philantrope Luc Maurice qui ait choisit les municipalités qui accueilleront des projets de logements sociaux financés en bonne partie par les gouvernements.
Elle ajoute que « pour se sortir de la crise du logement, il faut absolument doubler le nombre de logements sociaux à moyen terme », en disant espérer que cet objectif sera au cœur du plan d’action gouvernemental en habitation promis par le gouvernement caquiste depuis plusieurs mois. Elle avertit toutefois que « pour y arriver, il va falloir des investissements gouvernementaux conséquents et un financement stable, ce qui est un choix politique et fiscal »
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