Le ministre des Finances Éric Girard interpellé sur l’urgence de prévoir des investissements supplémentaires pour le logement social

Brossard, le 10 mai 2024 – Des membres du FRAPRU du Grand Montréal ont interpellé bruyamment le ministre des Finances Éric Girard alors qu’il présentait son budget à la Chambre de commerce et d’industrie de la Rive-Sud ce midi afin de lui rappeler l’urgence de prévoir des investissements pluriannuels pour le logement social et de financer adéquatement un programme gouvernemental pour que des logements sociaux et communautaires lèvent plus rapidement de terre. Selon le regroupement, de tels investissements supplémentaires pourraient être faits dès maintenant, non seulement en raison de l’urgence de la situation, mais aussi grâce aux fonds supplémentaires annoncés par le gouvernement fédéral dans son budget du 16 avril et des sommes additionnelles de 3 milliards provenant de la hausse des gains en capital. Un chandail de hockey «Les Kings… du logement social» a été remis à la députée de Laporte l’attention du ministre, qui est également connu comme le ministre des Nordiques.

Alors que la période de recherche de logement est extrêmement difficile pour les locataires qui n’ont pas pu renouveler leur bail et que plusieurs craignent actuellement de ne pas pouvoir en signer un nouveau, les membres du FRAPRU souhaitent ainsi rappeler au ministre des Finances sa responsabilité centrale dans la mise en œuvre progressive du droit au logement. « Alors qu’on traverse une très grave crise du logement et que le manque d’alternatives aux logements trop chers y contribue grandement, Monsieur Girard n’a prévu le financement d’aucune nouvelle unité de logement social dans son dernier budget », déplore Catherine Lussier, coordonnatrice au FRAPRU.

« Le ministre des Finances refuse ainsi d’offrir davantage de prévisibilité aux villes et aux organismes développant des logements sociaux en fixant un objectif de développement sur plusieurs années. Les besoins criants sont pourtant connus et les sommes actuellement prévues sont clairement insuffisantes pour y répondre », insiste Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. Selon le FRAPRU, ce manque de prévisibilité laisse notamment dans l’incertitude le développement de sites destinés au logement social, comme ceux récemment acquis par des municipalités.

Pour le FRAPRU, les 8000 logements sociaux « et abordables » prévus dans la mise à jour économique étaient un pas dans la bonne direction, mais l’incertitude demeure sur le nombre exact de logements sociaux, sans but lucratif.  La moitié a déjà fait l’objet d’annonces gouvernementales[1] et, aux dires de la ministre, presque toutes ces unités seraient déjà réservées. L’organisme déplore aussi l’inadéquation du Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) qui n’a pas permis jusqu’à maintenant de les réaliser plus rapidement. « Il y a actuellement peu d’espoir pour les nouveaux projets alors qu’il faudrait accélérer la cadence. Pire, ceux-ci doivent attendre un éventuel appel de projets alors qu’au même moment des ententes hors programmes sont conclues sans processus clair », déplore madame Laflamme.

Le FRAPRU reconnait que des logements sociaux lèvent enfin de terre et que les annonces de mises en chantier se multiplient. S’il s’agit de bonnes nouvelles pour les communautés, il rappelle que la plupart sont des unités déjà annoncées dans les budgets des gouvernements précédents et que la CAQ avait promis de construire dans son 1er mandat. D’ailleurs, près de 8000 de ces logements programmés dans AccèsLogis ne sont toujours pas construits. Le sort de plusieurs demeure toujours incertain. Le FRAPRU craint maintenant que ces unités soient carrément oubliées ou qu’elles soient recyclées comme de nouvelles annonces.

Le FRAPRU demande le lancement d’un chantier d’au moins 50 000 nouveaux logements sociaux en 5 ans pour répondre à l’urgence de la situation et à la diversité des besoins des locataires du Québec. Un tel chantier permettrait non seulement d’accélérer la construction neuve, mais également l’acquisition de bâtiments résidentiels locatifs encore abordables pour les sortir du marché spéculatif, tout en protégeant les locataires en place. Alors que de nombreux écueils persistent dans le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) et que ce dernier est mal adapté aux impératifs du logement social, le FRAPRU espère que le gouvernement mettra en place promptement un programme complet, durable et spécifiquement dédié au logement social. Ceci assurera que les projets qui seront financés dans les prochains mois lèvent de terre et permettra  de freiner la place grandissante accordée à des acteurs privés et aux choix politiques discrétionnaires dans la sélection des projets financés.

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Informations et entrevues :

Catherine Lussier : 514 231-2309 (cell.)

Véronique Laflamme : 418 956-3403 (cell.)


[1] 2574 unités ont été annoncées dans le PHAQ pour des projets ayant répondu au 2ème appel de projets lancé en juin 2023 et 1000 ont été réservées à 10 projets de Mission Unitaînés.