CRISE DU LOGEMENT : AU-DELÀ DES CHIFFRES,DE VÉRITABLES DRAMES HUMAINS SE VIVENT !

Même si le Premier ministre François Legault évite les questions sur le sujet, le logement est bel et bien un droit fondamental. En endossant le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels en 1976, le Québec s’est engagé à le respecter, le protéger, le promouvoir et le mettre en oeuvre. Or, il est actuellement bafoué pour un trop grand nombre de personnes.

UNE SITUATION CATASTROPHIQUE

En atteignant 1,3 %, le taux d’inoccupation au Québec est le plus bas en 20 ans. Quant au loyer moyen, il a augmenté de
17 % en 2 ans. Non seulement la rareté de logements locatifs est généralisée, mais l’explosion des loyers est effrénée. Dans la
dernière année, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), « l’augmentation des loyers a dépassé à la
fois l’inflation et la progression des salaires ».

INSÉCURITÉ RÉSIDENTIELLE EN HAUSSE

Les reprises ou évictions en vue de faire du profit se multiplient. Les évictions représentent maintenant la principale cause évoquée pour expliquer leur perte de logement, par les personnes nouvellement en situation d’itinérance. Les fermetures et les changements d’affectation de résidences privés pour aînés (RPA) s’additionnent et rendent extrêmement précaire la situation de nombreux ménages locataires aînés. Ces phénomènes contribuent à créer plus de mal-logement, l’insécurité résidentielle affectant toujours plus de ménages locataires.

MANQUE D’ALTERNATIVES

Logement trop cher, non sécuritaire, insalubre ou ne répondant pas à leurs besoins : les locataires devant déménager n’ont que très peu d’options. Les alternatives au marché privé, qui occupe près de 90 % du parc locatif québécois, manquent. Le désespoir des locataires dans des situations de précarité est intolérable. Pour ces ménages, les risques de se retrouver à la rue sont grands, comme en témoigne le nombre de personnes sans logement, au lendemain du 1er juillet.

Alors que le logement social permettrait de répondre aux
besoins immenses et diversifiés à travers le Québec, il en manque. Plus de 34 000 ménages locataires à faible revenu, admissibles et dûment inscrits, attendent d’obtenir un HLM. Nombreux sont ceux qui ne s’inscrivent même pas sur les listes, découragés par les délais. Les coopératives d’habitation et les OSBL d’habitation croulent également sous les demandes.

Si vous craignez de vous retrouver sans logement à la fin de votre bail, n’attendez pas.

Contactez le service d’aide à la recherche de logement (SARL) ou votre office d’habitation local pour expliquer votre situation et demander de l’aide.

Si vous n’obtenez pas d’aide, contactez votre comité
logement ou le FRAPRU. Pour plus d’informations :
frapru.qc.ca/accueil/je-vais-etre-sans-logis/

LE DROIT AU LOGEMENT COMPROMIS ! *

Payer le loyer ou les repas ?

Déjà lors du recensement de Statistiques Canada en 2021, 373 615 locataires au Québec vivaient dans un logement trop
cher**, dont la moitié avait un revenu mensuel de moins de 1 983 $. Alors que le loyer moyen atteint à présent 1 022 $ par mois, il ne reste pas grand-chose à ces ménages, pour vivre décemment. Ils n’ont d’autres choix que de couper dans des dépenses essentielles. Pour les plus mal pris, au moindre pépin, c’est carrément l’itinérance qui les guette.

Conséquences pour les femmes et leurs enfants
Une majorité de femmes victimes de violence conjugale éprouverait de la difficulté à trouver un logement qui réponde tant à leurs besoins, qu’à leur capacité de payer. Elles doivent trop souvent prolonger leur séjour en maisons d’hébergement,
qui débordent. 

Le développement des enfants est également affecté par les problèmes de logement. Dans des cas extrêmes, des enfants
se retrouvent séparés de leurs parents, non pour mauvais traitement, mais faute d’un toit stable au-dessus de leur tête. Cette situation pousse des mères monoparentales à retourner chez leur « ex », ou à consentir à vivre dans des logements ne correspondant pas à leurs besoins, voire en colocation forcée.

Se loger à l’intersection des oppressions
Les ménages à l’aide sociale, les Autochtones, les personnes racisées, les jeunes, les familles monoparentales, les membres de communautés LGBTQIA+, etc., font face à de la discrimination, compromettant leur recherche de logement. Même les locataires ayant un excellent historique de crédit (ou de paiement) n’y échappent pas.

Le revenu plafond pour être admissible à un HLM ou à un logement subventionné a augmenté. Il est possible de consulter celui de votre région, ici : PRBI-2023.pdf.

Cela dit, alors que plus de ménages sont admissibles, il faudrait que les offices d’habitation disposent de fonds et d’un programme adéquat pour construire de nouveaux logements publics.

Au regard de l’absence actuelle de filet social, non seulement ces phénomènes risquent de perdurer, mais ils vont s’aggraver si des mesures gouvernementales adéquates ne sont pas mises en place rapidement.

* Les données présentées dans cette section sont un résumé du Dossier noir, logement
et pauvreté au Québec, 8e édition, septembre 2023, du FRAPRU.
** Il est considéré que les ménages paient trop cher pour se loger, lorsque la part de
revenu accordée au logement dépasse 30 %.