Montréal, le 11 mars 2025 — Aujourd’hui, à deux semaines du budget, des locataires de partout au Québec appellent de manière concertée les bureaux de la ministre responsable de l’Habitation. L’insuffisance de mesures gouvernementales structurantes, dont un nombre suffisant de logements sociaux sous différentes formes (coopératives, HLM et OSBL d’habitation) précarise chaque jour un peu plus des milliers de locataires qui font face à la cherté des loyers. Cette opération téléphonique vise à faire entendre les multiples voix de locataires pour inciter la ministre France-Élaine Duranceau et son gouvernement à prendre des mesures concrètes et immédiates face à la crise du logement qui frappe trop de locataires au Québec.
« L’objectif est de porter le message des mal-logé·es et des comités logement qui les soutiennent jusqu’à la ministre Duranceau, afin qu’il soit enfin pris en compte dans les décisions budgétaires à venir. Tous les jours des organismes communautaires réfèrent des locataires vers les bureaux de leurs élu·es, mais, trop souvent, les logements dont ils ont besoins n’existent pas sur le parc locatif privé. Les ministres doivent entendre la détresse des locataires mal-logé·es, à la recherche d’un logement décent et y remédier de manière durable. Aujourd’hui, ce sont des personnes directement concernées des quatre coins du Québec mais aussi leurs familles, leurs voisin·es, leurs collègues, ainsi que les organismes communautaires leur venant en aide qui tentent de se faire entendre en additionnant leurs voix», explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.
Agir maintenant, avant que la crise du logement ne soit complètement hors de contrôle
Alors que le marché locatif demeure tendu, les prix des loyers poursuivent leur hausse exponentielle. « Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement caquiste en 2018, le loyer moyen au Québec a augmenté de près de 50 %. On est d’autant plus préoccupé que la situation ne cesse de se dégrader : les logements vacants se font de plus en plus rares dans les segments de loyers accessibles et ceux récemment construits sont hors de prix. En ne prenant pas les mesures suffisantes pour lutter contre l’inabordabilité du logement, avec un contrôle obligatoire des loyers, incluant un registre des loyers, et en ne priorisant pas clairement le développement du logement social, l’État québécois faillit à respecter son engagement de garantir un logement adéquat pour tous et toutes. Le Comité sur les droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU notait déjà en 2016, la pénurie de logement sociaux au Québec, presque 10 ans plus tard, c’est devenu criant », dénonce la porte-parole. Selon elle, « l’insuffisance de l’offre de logements sociaux qui ne constituent que 11 % du parc locatif, combinée à une hausse folle des loyers, n’est plus tenable pour trop de locataires. La situation les précarise, les conduits à l’endettement, et pousse certain·es à la rue .
De grandes attentes pour le budget 2025-2026
Selon le FRAPRU, la construction d’un nombre de logements sociaux suffisants, sous diverses formes (HLM, OSBL, coopératives) est une réponse indispensable à la crise. Il s’agit d’une formule structurante et pérenne répondant à une diversité de besoins. Non seulement l’habitation sociale et communautaire protège les locataires de l’inabordabilité croissante des logements privés, mais elle limite la pression inflationniste. « Les retombées économiques et sociales du logement social sont inestimables. C’est pourquoi il ne doit pas être vu comme une dépense, mais comme un investissement », soutient Véronique Laflamme. Dans le mémoire prébudgétaire qu’il a déposé au Ministère des Finances, le FRAPRU plaide pour que le prochain budget du Québec, et ceux à venir, comprennent des cibles claires de développement de logements sociaux. Les crises du logement et de l’itinérance coûtent cher aux contribuables et détruire le tissu social de nombreuses communautés. On ne peut plus se permettre d’attendre chaque budget ou énoncé économique pour obtenir des réponses ponctuelles, le plus souvent insuffisantes », insiste la porte-parole du regroupement pour le droit au logement.
Au minimum,le FRAPRU demande que le prochain budget prévoie le financement de 10 000 logements sociaux pour 2025-2026. Cet objectif devrait être maintenu annuellement, pour les 15 prochaines années afin de doubler le nombre de logements sociaux. Selon le FRAPRU, de tels objectifs chiffrés sont cruciaux pour éviter que la nouvelle Stratégie gouvernementale en habitation, qui vise la construction de 560 000 logements locatifs sans cible de logements sociaux, ne contribue à exacerber davantage l’inabordabilité.
Alors que plusieurs pressent les gouvernements d’investir dans les infrastructures publiques en réponse à la guerre tarifaire déclarée par le président américain Donald Trump, le FRAPRU insiste sur l’urgence de considérer comme tel le grand chantier de logements sociaux, sans but lucratif, qu’il propose. Des mesures fiscales progressives comme une plus grande imposition des gains en capital, y compris lors de la revente de résidence principale, un impôt sur le patrimoine des plus riches et la réintroduction de la taxe sur le capital des banques permettraient de garantir un financement stable et suffisant pour le logement social, en plus de lutter contre les inégalités sociales, plaide le regroupement.
« La société québécoise a besoin d’une vision claire et d’un engagement ferme du gouvernement envers les milliers de locataires qui subissent durement les conséquences de la crise. Nous espérons que cette opération téléphonique contribuera à faire entendre ces voix trop souvent ignorées, à quelques semaines du budget. Une crise d’une telle ampleur exige des solutions à la hauteur », conclut la porte-parole du FRAPRU.
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Informations et entrevues:
Véronique Laflamme, FRAPRU : 418 956-3403 (cell.); 514 522-1010