Montréal, le 24 mai 2015 – Après s’être installé à trois reprises sur des terrains publics du centre-ville de Montréal et en avoir été évincé à chaque fois par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), le FRAPRU a mis fin au Camp pour le droit, amorcé le 21 mai, au logement, lors d’un rassemblement de clôture au terme duquel les campeurs et campeuses ont laissé en souvenir une tente symbolique avec leurs messages pour le droit au logement. Le FRAPRU, qui a organisé le Camp, en tire un bilan très positif, le considérant comme un des moments phares de la lutte pour assurer l’avenir du logement social au Québec. Le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant s’en explique : « Le Camp a réussi à attirer l’attention publique sur les problèmes de logement et la négligence des gouvernements, avec une intensité qui ne s’était pas vue depuis la crise du logement du début des années 2000 ».
Le FRAPRU se réjouit également de l’appui sans précédent obtenu par le Camp. Quarante personnalités publiques ont pris parti en sa faveur, plusieurs mettant la main à la pâte, dont l’acteur et metteur en scène Alexis Martin, l’auteur François Avard, l’acteur Gilles Renaud, la chanteuse Judy Richards, l’essayiste et chroniqueur Normand Baillargeon, les cinéastes Philippe Falardeau et Ève Lamont, l’humoriste Christian Vanasse, les philosophes Michel Seymour et Christian Nadeau, les actrices Sylvie Legault et Marie Michaud, ainsi que le rappeur Webster. Le Camp a également été appuyé par une trentaine d’organisations québécoises majeures parmi lesquelles les centrales syndicales CSN, FTQ et CSQ, des syndicats indépendants, des organisations communautaires nationales, des groupes de médecins, etc. Une vingtaine de réseaux internationaux et d’organismes européens, africains et nord-américains de lutte pour le droit à l’habitat ont aussi exprimé leur solidarité.
L’attitude des gouvernements
Le FRAPRU considère que le seul point négatif est l’attitude démontrée par les trois paliers de gouvernement. François Saillant s’en offusque: « C’est uniquement parce qu’il a été interpelé par les médias après son discours à l’Union des municipalités du Québec que le lieutenant québécois de Stephen Harper, Denis Lebel s’est prononcé sur les préoccupations portées par le Camp et se fut pour colporter des faussetés quant aux conséquences de la fin des subventions fédérales à 125 000 logements sociaux en territoire québécois, dont 5200 dès 2015. Quant au gouvernement québécois de Philippe Couillard, il s’est muré dans un silence total, n’ayant même pas le courage de défendre la décision de son dernier budget de réduire de moitié le financement de nouveaux logements sociaux ».
Quant à l’administration municipale du maire Denis Coderre, M. Saillant juge durement son intransigeance : « Nous aurions pu espérer plus de compréhension de la part d’une administration qui se dit préoccupée par les problèmes de logement et d’itinérance et favorable au logement social. Au lieu d’ajouter sa voix à la nôtre comme il aurait dû le faire, il a préféré avoir faire appel à l’intervention policière ». À ce sujet, le FRAPRU se dit extrêmement préoccupé par l’attitude du SPVM : « De toute évidence, la liberté d’expression et de manifestation n’existe pas dès qu’une organisation se fait dissidente et sort des sentiers battus ». L’organisme, qui a, à plusieurs reprises, dénoncé les règlements anti-manifestation appliqués au Québec et à Montréal en particulier, sort du Camp renforcé dans cette conviction. Par le passé, le FRAPRU n’avait jamais été lui-même l’objet de l’application du réglement. C’est maintenant chose faite, une dizaine de campeuses et de campeurs ayant reçu des contraventions de la part du SVPM, le 22 mai. Trois personnes font également l’objet d’accusations criminelles, suite à leur arrestation, le 21.
Une lutte qui se poursuit
Le FRAPRU salue le courage dont a fait preuve la centaine de personnes qui ont participé au Camp. Il considère que leur détermination est de bonne augure pour la poursuite de la lutte pour le droit au logement. L’organisme se penchera sur la stratégie à adopter au cours de la prochaine année lors de son congrès qui se déroulera à Québec du 12 au 14 juin.
Des moments importants peuvent cependant d’ores et déjà être identifiés, dont les élections fédérales de l’automne prochain. Le gouvernement conservateur, qui, malgré ses nouveaux surplus budgétaires, refusent de prolonger les subventions aux logements sociaux existants et d’accorder plus que des miettes au financement de nouvelles habitations, devra en payer le prix Les partis d’opposition qui ne prendront pas d’engagements clairs quant à l’avenir du logement social pourraient aussi être visés. Ça pourrait être le cas du Parti libéral du Canada si son chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, ne sort pas de son mutisme actuel.
La révision des programmes à laquelle se livre le gouvernement Couillard sera également surveillée de près par le FRAPRU. À la fin juin, la Société d’habitation du Québec doit en effet remettre un rapport au président du Conseil du trésor, Martin Coiteux qui pourrait imposer de nouvelles coupes aux interventions sociales en habitation.
Au sortir du Camp pour le droit au logement, le FRAPRU garde plus que jamais le cap sur ses grandes revendications, soit le financement de 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans et le maintien des subventions fédérales à ceux qui existent déjà.
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