C’est à Maniwaki, en Outaouais, une ville où 15 % de la population s’identifie comme autochtone, que la Commission populaire a tenu audience, le 29 octobre dernier. L’évènement était organisé en collaboration avec l’Association d’entraide et de solidarité communautaire de la Haute-Gatineau (ASEC), un organisme de défense de droits actif dans la région depuis plusieurs années.
De nombreuses personnes sont venues devant les commissaires pour parler des conditions de vie déplorables avec lesquelles elles doivent composer au quotidien : insalubrité générale, moisissures, vermine, manque d’isolation. Certaines municipalités de la Municipalité régionale de comté (MRC) de la Vallée-de-la-Gatineau, notamment celle de Gracefield, ont particulièrement été pointées du doigt. Deux femmes ont expliqué avec éloquence les impacts de l’insalubrité sur la santé des personnes. Elles ont évoqué le sort d’enfants qui développent des problèmes respiratoires dans ces taudis : « Si vous voyiez les logements, vous resteriez bêtes. Ça devrait juste être démolis, ces logements-là ».
Une mère de deux enfants a aussi souligné l’importance de pouvoir vivre en sécurité dans son logement. Elle a raconté comment elle avait insisté pendant longtemps pour que son propriétaire mette des verrous aux portes, sans que celui-ci ne fasse quoique ce soit. À la suite d’une intrusion, une échauffourée a éclaté à l’intérieur de la cage d’escalier, suite à laquelle elle a perdu son enfant à naître. « Personne ne m’a jamais dédommagé pour ça… », a-t-elle déclaré aux commissaires. « Par contre, quand j’ai omis de payer mon loyer un mois parce que je n’avais pas d’argent, lui le propriétaire a eu un recours ». Si la région voit une partie grandissante de sa population quitter pour Gatineau et Ottawa à la recherche d’un emploi, l’ASEC craint que les coupures à l’assurance-chômage ne viennent aggraver la situation. La coordonnatrice, Danielle Beaudry, a affirmé que de nombreuses personnes subissent le poids de la pauvreté. Pierre Mathieu, un militant de longue date, a expliqué qu’il était très difficile pour les locataires à faible revenu de se défendre. Il a conclu en disant : « La chose qui manque le plus, dans la région, c’est un organisme de défense des droits des locataires ».