Montréal, le 5 mai 2020 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) est profondément déçu par les critères d’éligibilité imposés par le gouvernement Legault pour son programme de prêts sans intérêt aux locataires affectés par la crise sanitaire. L’organisme, qui avait pourtant salué ce début de réponse lors de son annonce, constate à la lecture des détails supplémentaires rendus disponibles par la Société d’Habitation du Québec, que trop de ménages en sont exclus. Il demande à Québec de réajuster le tir cette semaine, avant que ne soient rendus disponibles les formulaires de demandes.
Un système de prêts trop restrictif
Le FRAPRU ne comprends pas que ce programme soit réservé seulement aux locataires recevant la Prestation canadienne d’urgence (PCU) ou une prestation d’assurance-emploi. « D’autres ménages, qui ne sont pas admissibles à ces programmes, vivent pourtant aussi des pertes de revenus ou subissent une hausse imprévue de leurs dépenses en raison de la pandémie, ce qui rend plus difficile le paiement du loyer », rappelle Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU. Elle évoque notamment la situation de personnes assistées sociales qui avaient un petit revenu de travail qu’elles ont pour la plupart perdu, sans compensation.
Le FRAPRU reproche aussi au programme de prêts de ne couvrir que 2 mois de loyer pour un montant total maximum de 1500$. C’est largement insuffisant considérant la cherté des loyers, notamment dans les grandes villes. Ce, d’autant plus que plusieurs locataires ayant récemment perdu un emploi ne retrouveront pas de sitôt le même niveau de revenu.
Selon le regroupement, le fait que le gouvernement se contente de condamner ainsi nombre de locataires à l’endettement est inacceptable. À la lumière des chiffres rendus publics la semaine dernière par la ministre Andrée Laforest elle-même, autour de 150 000 ménages locataires feraient actuellement face à des difficultés de paiement.
Les ménages locataires précarisés doivent être protégés. C’est pourquoi le gouvernement Legault doit interdire toute tentative d’éviction imputable au non-paiement des loyers impayés durant le confinement, et de prolonger le moratoire sur les exécutions de jugement menant à l’éviction de locataires. « Même si les évictions de logement sont actuellement suspendues, elles reprendront dès que la Régie du logement se remettra au travail et elles risquent d’être massives », s’alarme Véronique Laflamme.
Tout en réitérant sa demande d’un réel fonds de dépannage qui inclurait des subventions spéciales, au même titre que le programme d’aide annoncé par le fédéral pour aider au paiement des loyers commerciaux, le FRAPRU réclame également une aide financière de Québec pour les locataires les plus vulnérables. Celle-ci devrait, selon le groupe, prendre la forme du programme existant de suppléments au loyer d’urgence dont les balises devraient être revues.
Hébergement temporaire : à quand des précisions pour les locataires n’ayant pas de bail au 1er juillet?
Quant au programme pour l’hébergement temporaire aussi annoncé récemment, le FRAPRU s’explique mal que les subventions totalisant 5000 $ ne soient réservées qu’aux ménages devant emménager dans une construction neuve ou un logement entièrement rénové. Bien que certains d’entre eux sont sur le point d’entrer dans un logement social neuf, le FRAPRU constate qu’ils représentent une minorité parmi les locataires et que le programme vise essentiellement des gens mieux nantis. « Pourquoi rien n’est prévu pour ceux qui subissent une reprise de possession, par exemple? », s’interroge Véronique Laflamme. Le regroupement rappelle que l’an dernier, près de 200 ménages se sont retrouvés sans-logis le 1er juillet, et ce, pour une période allant jusqu’à 3 mois.
Le regroupement pour le droit au logement signale au passage qu’une prolongation des baux, comme il la proposait depuis cinq semaines, aurait permis de régler plusieurs de ces situations. Selon le regroupement, tant que les mesures de confinement seront maintenues dans la région de Montréal, la recherche de logement y est compromise. Afin de donner une chance aux nombreux ménages qui n’avaient pas renouvelé leur bail et qui sont dans l’incapacité de chercher un logement en vue du 1er juillet, le FRAPRU demande à Québec d’obliger les propriétaires d’accepter le renouvellement des baux des locataires qui en feraient la demande, aux mêmes conditions, si, entre temps, leur logement n’a pas été reloué. À l’heure actuelle, le gouvernement se contente de faire peser tout le poids sur les épaules des locataires en leur conseillant de renouveler leur bail, sans plus.
L’organisme commence à s’impatienter. « On a de plus en plus l’impression que le gouvernement Legault ne répond qu’aux pressions de l’industrie de la construction et aux associations de propriétaires, et qu’il fait fi des demandes visant à mieux protéger les locataires, particulièrement les plus pauvres », affirme Véronique Laflamme. « C’est indécent considérant la pénurie de logements locatifs qui préexistait à la crise sanitaire ! À Montréal, notamment, tant les groupes d’aide aux locataires que les instances municipales entrevoient une situation très difficile autour de la période des déménagements », précise-t-elle
C’est pour cette raison, que le FRAPRU demande à Québec, pour une énième fois, d’annoncer sans plus attendre son plan en vue du 1er juillet, afin de permettre aux municipalités d’organiser l’aide d’urgence, incluant le soutien au déménagement, à l’entreposage et à l’hébergement temporaire. Selon l’organisme, toutes ces mesures doivent être prises en charge par les instances publiques. « Demander à des ménages à revenus modestes de débourser pour ensuite peut-être se faire rembourser, ça ne tient pas la route, surtout pour ceux dont la précarité a été accentuée par la pandémie », fait remarquer Véronique Laflamme. « Il faudra aussi que le gouvernement du Québec et-ou les villes se préparent à réquisitionner des hôtels et des logements inoccupés pour y loger des locataires sans logis », conclut-elle.
Pour en savoir plus sur toutes les demandes du FRAPRU durant la pandémie: /revendications-covid/
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Véronique
Laflamme, porte-parole du FRAPRU : 418 956-3403 (cell.)