Montréal et Montréal, le 11 mars 2024 – Le budget qui sera déposé par Éric Girard le 12 mars est crucial pour permettre aux locataires du Québec de faire face à la crise du logement qui s’aggrave, selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui y réagira demain. Selon le regroupement, ce budget doit enfin prévoir un objectif gouvernemental de développement du logement social, hors marché privé, sur plusieurs années. Un tel objectif devrait être la colonne vertébrale du plan d’action gouvernemental en habitation attendu depuis plusieurs mois.
Pour l’organisme, il est clair que le manque d’alternatives au marché privé, qui occupe 90 % du parc locatif québécois, contribue à la crise actuelle. « Trop de locataires n’arrivant pas à s’y loger décemment doivent choisir entre un logement trop cher, inadéquat, trop petit, ou insalubre. Les plus précaires, dont de nombreuses personnes aînées, sont maintenant à grand risque de se retrouver à la rue », explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, rappelant que déjà en 2021, 373 615 locataires au Québec vivaient dans un logement ne respectant pas leur capacité de payer, dont la moitié avait un revenu de moins de 1 983 $ par mois. « Quand on sait que le loyer moyen au Québec a atteint 1 022 $ et que les rares logements disponibles sont beaucoup plus dispendieux, ça ne laisse pas grand-chose pour manger, se déplacer, se soigner, etc. Dans le contexte, le logement social, sous ses différentes formes (HLM, coopératives et OSBL d’habitation) est une politique sociale incontournable ! Si nos demandes répétées de doter le Québec d’un plan pluriannuel de développement du logement social, hors marché privé avaient été entendues il y a 5 ans, on n’en serait pas là. Il est encore temps d’agir, mais il faut le faire vite et avec le financement suffisant ».
Sachant que des projets totalisant des milliers de logements sociaux et communautaires sont en élaboration, le gouvernement ne peut se contenter de miser sur les sommes prévues dans la mise à jour économique de novembre. « Les besoins sont immenses et diversifiés à travers le Québec et les conséquences dévastatrices de la crise du logement vont continuer de prendre de l’ampleur si le gouvernement n’y répond pas adéquatement. Selon le FRAPRU, la confirmation en février que 2574 nouveaux logements sélectionnés dans le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) recevraient une partie du financement prévu lors de la mise à jour économique de novembre pour du logement social « et abordable » est un début. Il déplore que ce ne soient pas exclusivement des projets de logements sociaux qui seront financés par les fonds publics et il craint que dans l’état actuel du programme, ces projets ne soient pas assurés de lever de terre. Le FRAPRU se montre également très critique sur le choix d’utiliser une partie des sommes annoncées lors de la mise à jour économique pour financer 10 projets totalisant 1000 unités menés par une fondation philanthropique.
Faisant référence au thème des consultations prébudgétaires « Faire les bons choix pour le Québec », le FRAPRU presse le gouvernement Legault de faire les choix fiscaux et budgétaires qui s’imposent afin de renforcer le filet social. Au regard de l’ampleur des besoins, le logement social doit être une priorité de son prochain budget. « C’est le moment de donner un grand coup, en augmentant substantiellement la part de logements hors marché privé. Pour ce faire, le lancement d’un chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans est nécessaire. Un tel chantier permettrait non seulement d’accélérer la construction neuve, mais également l’acquisition de bâtiments résidentiels locatifs pour les sortir du marché spéculatif, tout en protégeant les locataires en place. Assurer de la prévisibilité au milieu communautaire et aux municipalités est incontournable et ne peut se réaliser que par une programmation pluriannuelle », insiste-t-elle. Selon le regroupement de défense du droit au logement, pour sortir de la crise, il faut à moyen terme se doter de la perspective de doubler le parc de logements sociaux.
Selon le FRAPRU, alors que de nombreux écueils persistent dans le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) et que ce dernier est mal adapté aux impératifs relatifs au logement social, le gouvernement doit mettre en place promptement un programme complet, durable et spécifiquement dédié au logement social afin de s’assurer que les projets financés lèvent de terre plus rapidement et de freiner la place grandissante accordée à des acteurs privés et aux choix politiques discrétionnaires, dans la sélection des projets financés.
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Informations et entrevues :
Véronique Laflamme, FRAPRU : 418 956-3403 (cell.)