Montréal, le 2 juillet 2018 – Au lendemain de la grande journée de déménagements, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s’inquiète des conséquences de la rareté de logements à prix abordable. À cette occasion, le regroupement provincial lance son 7ème Dossier noir sur le logement et la pauvreté, lequel fait le point sur la situation des ménages locataires au Québec. À la veille du déclenchement des élections québécoises, le regroupement soutient que le gouvernement québécois a tous les moyens à disposition pour diminuer drastiquement les problèmes de logement et permettre aux ménages à faible et à modeste revenus de rester dans leurs quartiers, même s’ils sont en proie à la gentrification.
Plusieurs ménages locataires toujours dans une situation précaire
Malgré la disponibilité de logements à louer, 123 de locataires à travers la province ont encore appelé à l’aide, parce qu’ils craignaient de se retrouver à la rue le 1er juillet.C’est le cas de 74 ménages à Montréal, 35 à Québec et 14 à Sherbrooke. À Montréal, où le taux d’inoccupation est descendu sous la barre du 3 %, « il y a eu cette année 40% plus de ménages en difficulté que l’an dernier autour autour de la période des déménagements », affirme Marie-José Corriveau, coordonnatrice du FRAPRU.
« Le principal problème rencontré est la cherté des logements », affirme Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, rappelant que selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, un logement se loue en moyenne à 777 $ par mois sur l’île de Montréal et à 798 $ par mois dans l’agglomération de Québec. Le prix des logement disponibles à la location est pour sa part encore plus élevé. « Pour les personnes qui ont un petit revenu, même celles qui travaillent à temps plein au salaire minimum, c’est beaucoup trop cher », constate Véronique Laflamme. En l’absence d’un réel contrôle des loyers, le droit au logement des ménages locataires est lourdement malmené, soutient le FRAPRU.
Nouvelles données sur le logement et la pauvreté
Le FRAPRU rend également publiques aujourd’hui de nouvelles données du Recensement de 2016 sur le logement ayant fait l’objet d’une commande spéciale à Statistiques Canada. Ces chiffres nous apprennent que plus de 244 120 ménages locataires ont des besoins impérieux de logement au Québec, parce qu’ils vivent dans des logements trop chers, trop petits ou insalubres. Le revenu de ceux d’entre eux qui consacrent plus de la moitié de leur revenu médian pour se loger est de seulement 12 739 $ par année. Les femmes, les personnes seules, les personnes âgées et les jeunes, qui figurent parmi les personnes les plus nombreuses à consacrer une part démesurée de leur revenu au loyer, sont toujours plus à risque d’être mal logés.
Selon le FRAPRU, pour soulager les ménages mal-logés, voire sans-logis, les gouvernements doivent soutenir beaucoup plus activement le développement du logement social. « Si on maintient le cap sur 3000 nouveaux logements sociaux par année au Québec, ça va prendre plus de 80 ans pour régler les besoins actuels les plus criants », s’insurge Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. Elle précise que les nouveaux logements sociaux devraient également être réalisés en socialisant des immeubles privés nécessitant des rénovations. « De cette manière, on soustrait une partie du parc locatif de la logique marchande, on améliore les conditions de logement de personnes qui y vivent, tout en leur permettant de rester dans leur logement, dans leur quartier », fait-elle remarquer.
Des choix politiques conséquents doivent être posés
Le FRAPRU s’explique mal qu’avec la situation budgétaire favorable, le gouvernement du Québec ne fasse pas davantage pour s’attaquer sérieusement aux problèmes de logement. Selon ses porte-paroles, « avec un nouveau surplus anticipé de 2,4 milliards $, le Québec peut donner un vrai coup de barre et démarrer un chantier de logements coopératifs et sans but lucratif ». L’organisme interpelle d’ailleurs les partis en lice aux élections d’octobre prochain afin qu’ils s’engagent sérieusement en ce sens, en ajoutant aux investissements québécois les fonds fédéraux qui seront rendus disponibles par la nouvelle Stratégie fédérale sur le logement. Enfin, le FRAPRU demande aux partis politiques québécois de prévoir un code provincial du logement sur la salubrité et un meilleur contrôle des loyers.
Le 2 septembre, peu après le déclenchement de la campagne électorale, des marcheurs et marcheuses parcourront, à l’appel du FRAPRU, les 500 km séparant Ottawa et Québec en revendiquant un meilleur respect du droit au logement.
Pour lire le Dossier noir logement et pauvreté 2018 : https://bit.ly/2MyppgY
– 30 –
Pour plus d’informations
Véronique Laflamme : 514 522-1010; 418 956-3403 (cell.)
Marie-José Corriveau : 5124 522-1010; 514 708-1050 (cell.)