Budget Freeland : le logement enfin une priorité, mais les mal-logé.e.s auront-ils réellement leur part, se demande le FRAPRU

Montréal, le 16 avril 2024 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) se réjouit que le logement soit enfin la priorité d’un budget, celui déposé par la ministre fédérale des Finances Chrystia Freeland. Selon le regroupement de défense du droit au logement, le budget amorce un nécessaire virage dans l’affectation des fonds publics réservés au logement avec une certaine reconnaissance de l’importance de réserver des fonds pour le secteur sans but lucratif et les populations les plus vulnérables. Cependant, malgré qu’il apprécie l’importance apportée à la crise du logement, le FRAPRU a l’impression que les ménages locataires à faibles et modestes revenus qui sont pourtant les premières victimes de cette crise sont ceux qui seront les moins bien servis par les annonces budgétaires.

« Le budget a la prétention d’ajouter 2 millions net de nouveaux logements, mais il n’y a aucun objectif de logements sociaux, que ce soit sous forme de logements publics, de coopératives ou d’organismes sans but lucratif d’habitation », remarque Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU. Selon elle, c’est une lacune majeure alors que le nouveau Plan du Canada pour le logement est basé sur l’engagement que personne au Canada n’ait à consacrer plus de 30% de son revenu pour se loger. Or, 1,6 millions de ménages locataires au Canada dont 373 600 au Québec consacrent plus de la norme de 30% de leur revenu pour se loger. Leur revenu médian annuel des ménages locataires québécois dans cette situation est de seulement 23 800$. Malgré cela, seulement 976 millions $ sur 5 ans sont réservés au nouveau volet de création rapide de logements, le seul visant à construire des logements « très abordables » et c’est la construction de logements largement inabordables principalement par le secteur privé qui reçoit encore la part du lion des fonds fédéraux.

Des terrains publics utilisés à bon escient?

L’insistance sur la mobilisation à des fins d’habitation de terrains publics, fédéraux au premier chef, provinciaux et municipaux par la suite, est la grande révélation du budget d’aujourd’hui, puisque les autres annonces en habitation ont été égrenées au cours des derniers jours. Le FRAPRU apprécie la volonté de louer à long terme ces terrains ou encore de les céder pour 1 $. Il insiste cependant pour que ce soient les organismes publics, coopératifs et sans but lucratif qui puissent bénéficier de telles mesures.

Or, si le budget mentionne ces organismes, c’est sans insister sur l’apport indispensable qu’ils peuvent apporter. Ils représentent pourtant le moyen d’assurer à la fois l’accessibilité financière des logements réalisés, que leur intégration harmonieuse avec les quartiers environnants. Ces deux défis se posent dans le cas du Bassin Wellington dans le Sud-Ouest de Montréal, justement mentionné comme un projet à venir dans le budget.

Régler la crise du logement? Il en faudra plus

Vu les prétentions du budget à régler la crise du logement et tous les détails encore inconnus des nouveaux Fonds, comme le Fonds de protection des loyers et le Fonds pour le logement abordable largement remanié, le FRAPRU espère des mesures concrètes supplémentaires pour assurer que les fonds fédéraux aboutiront plus rapidement que ça n’a été le cas dans les dernières années et que des mesures seront prises pour assurer que les projets de logements sociaux et communautaires y aient accès en priorité. « Si les 8,5 milliards $ en 5 ans que le budget destine à des logements plus abordables étaient réservés au logement social, on ferait un grand pas dans cette direction », conclut Véronique Laflamme.

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