Il ne reste que 190 $ par mois à Nacera, qui vit avec son mari et ses deux enfants, une fois le loyer payé; Brigitte, en situation de handicap doit dormir avec son fils de 9 ans, faute de place; Ranjeet vit de tels problèmes de moisissures depuis plusieurs années que ses trois enfants ont développé des problèmes de santé; Roberto est menacé d’expulsion par son propriétaire et vit des intrusions de domicile, il a peur de porter plainte; Mélanie a été droguée et violée par son propriétaire dans son appartement; Renée a dû se battre pendant 9 mois, juste pour avoir de l’eau dans son logement; Assaitou, mère monoparentale, a partagé son 4 ½ avec ses 6 enfants et les coquerelles; Manon a attendu 8 ans avant d’obtenir un logement social. Ces exemples ne sont qu’un maigre aperçu de ce que nous avons entendu lors de la clôture de la Tournée pour le droit au logement, à Montréal, le 2 octobre 2017, Journée mondiale de l’habitat.
Les témoignages étaient éloquents et atterrants: graves problèmes d’insalubrité, abus de pouvoir, violences vécues par les femmes dans leur logement, insécurité, discrimination envers les familles, les personnes à faible revenu, les personnes en situation de handicap et les personnes racisées, délais d’attente pour obtenir un logement social ou une audience à la Régie du logement, etc. Malheureusement, il ne s’agit pas de cas isolés, les comités logement de Montréal reçoivent des ménages qui vivent des situations similaires tous les jours.
Il est intolérable d’observer que de telles conditions de vie soient la réalité d’autant de ménages à Montréal en 2017. Selon les derniers chiffres de 2011, ce sont 133 580 ménages locataires qui ont des besoins impérieux de logement sur l’île de Montréal. Nous l’avons constaté, en plus d’une gestion quotidienne difficile, le mal-logement nuit au besoin de sécurité, de dignité, de paix, d’intimité ou encore à la santé mentale ou physique de ces ménages. Comment pourrait-il en être autrement ?
Le constat est clair, les personnes mal-logées à Montréal ne vivent pas, elles survivent!
Les personnes qui ont témoigné ont été unanimes : pour répondre à leurs besoins, ça prend des logements sociaux. Sauf qu’accéder à un logement social à Montréal est ardu. Les requérantes et les requérants doivent attendre plus de 5 ans, en moyenne, pour obtenir un HLM. Rien d’étonnant puisqu’il en manque cruellement. Ce sont près de 24 000 ménages sont qui sont inscrits sur la liste d’attente de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) pour un HLM, et plusieurs milliers d’autres qui attendent pour une coopérative d’habitation ou un logement sans but lucratif. Pour répondre aux besoins les plus urgents, au rythme où Québec finance le développement de nouveaux logements sociaux à Montréal, ça prendrait plus d’un siècle.
Il faut que ça change ! Pour ce faire, Québec et Ottawa doivent financer 50 000 nouveaux logements sociaux, en 5 ans, au Québec, dont 22 500 à Montréal. C’est pourquoi il est primordial de se mobiliser massivement afin de faire pression sur les gouvernements Couillard et Trudeau !