Montréal, le 19 avril 2024 – Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s’est fait entendre en marge du Forum stratégique sur les grands projets organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), alors que le ministre du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités du Canada, Sean Fraser, la ministre de l’Habitation du Québec, France-Élaine Duranceau et la mairesse de Montréal, Valérie Plante étaient réunis pour échanger sur «leur vision respective et les solutions qu’ils proposent pour augmenter l’offre de logements et faciliter la réalisation de grands projets immobiliers dans la métropole». Alors que la crise du logement ne cesse de s’approfondir, affectant durement les locataires de la métropole, le regroupement a interpelé les ministres présents au moyen d’un bruyant comité d’accueil à l’entrée de l’édifice Hélène-Desmarais de HEC, où se tenait l’événement. Le regroupement voulait ainsi marteler à la ministre Duranceau la nécessité de développer le logement social, à la hauteur des besoins, via un programme dédié, pérenne et suffisamment financé, ainsi que l’urgence d’offrir plus de prévisibilité en dotant le Québec d’objectifs chiffrés de développement sur plusieurs années.
« La crise du logement n’est plus à démontrer, les ménages locataires du Québec et de Montréal sont toujours plus nombreux à en subir les conséquences, au détriment de leur sécurité, de leur santé ou de leur capacité à répondre à leurs autres besoins de base », dénonce Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. Déjà, lors du Recensement 2021, 28% des ménages locataires de Montréal consacraient plus de la norme de 30% de leur revenu pour se loger, une proportion plus importante que la moyenne provinciale, soit 142 645 ménages, selon les données de Statistiques Canada commandées par le FRAPRU. « Avec un revenu médian de 24 000$, ils ne peuvent plus se payer les logements disponibles », dénonce Véronique Laflamme, ajoutant que 10% des ménages montréalais, soit 56 140 ménages, consacrent plus de la moitié de leur revenu pour se loger, avec un maigre revenu annuel médian de 16 000 $. « Alors qu’une bonne partie d’entre eux serait probablement admissibles à une habitation à loyer modique, très peu se construisent ». Selon les dernières Perspectives du marché de l’habitation de la SCHL, la pénurie s’intensifie et le loyer moyen d’un appartement pourrait croître d’encore 27%, d’ici trois ans, dans la région de Montréal. « Ça fait peur. Il est primordial de mettre en place des mesures véritablement structurantes pour freiner l’explosion du coût des loyers et la multiplication des évictions. Si on veut éviter que de plus en plus de locataires tombent dans la précarité ou l’itinérance, il faut investir massivement dans le logement social sous différentes formes », martèle Véronique Laflamme. Selon l’organisme, le gouvernement Legault a improvisé en lançant le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) qui ne marche toujours pas. Avec un programme adapté, le Québec pourrait construire plus vite et mieux répondre aux besoins.
Quant au gouvernement fédéral, qui semble enfin vouloir s’attaquer à la crise du logement, le FRAPRU lui demande maintenant des mesures concrètes pour assurer que les fonds fédéraux annoncés lors du dernier budget aboutissent rapidement et soient réservés au logement social, le seul qui soit véritablement abordable de manière pérenne. Alors que le Forum accueille le président de la Société immobilière du Canada (SIC), le regroupement pour le droit au logement demande également au ministre Fraser de rapidement revoir l’Initiative des terrains fédéraux pour que les terrains publics destinés au logement le soient exclusivement à des logements sociaux, qu’ils soient publics, coopératifs, ou gérés par des OSBL d’habitation. Cela s’applique aussi au nouveau programme de logement Postes Canada annoncé lors du budget. « La part de logements dits abordables actuellement exigée sur ces terrains publics, qui nous appartiennent collectivement, est ridicule », critique la porte-parole.
Cette situation a d’ailleurs un impact majeur sur le redéveloppement du secteur Bridge Bonaventure auquel le Forum de la CCMM consacre un panel, présentant la vision des grands développeurs immobiliers pour ces terrains. « Il serait inacceptable que les terrains publics soient vendus aux plus offrants ou que ce soit les promoteurs immobiliers qui décident de leur aménagement » ont rappelé le FRAPRU et le Regroupement Information Logement (RIL) de Pointe-Saint-Charles. « Ces terrains de la Société immobilière du Canada doivent être réservés au développement du logement social et d’équipements collectifs et communautaires, afin de répondre aux besoins urgents de la population environnante et à ses aspirations. On ne peut pas les confier aux mêmes développeurs et investisseurs immobiliers qui contribuent par ailleurs à la détérioration de la situation du logement et à l’explosion du prix des loyers », dénonce Francis Dolan, organisateur communautaire au RIL, un des membres montréalais du FRAPRU, présent lors du rassemblement. Il rappelle que le site comprend aussi d’importants terrains publics provinciaux appartenant à Loto-Québec. Sur la question des terrains et bâtiments publics, le Québec est à la traîne par rapport à des villes comme Québec et Montréal et devrait sans tarder se constituer une banque de sites excédentaires à réserver à des projets de logements sociaux, selon le FRAPRU.
« On a plusieurs propositions concrètes pour doubler le nombre de logements sociaux au Québec, mais on a l’impression que le gouvernement Legault ne veut pas les entendre : on n’a pas de suites à nos mémoires, les rapports de consultations semblent tablettés et pendant ce temps la situation se détériore. On demande pourtant seulement au gouvernement québécois d’assumer ses responsabilités », conclut Véronique Laflamme, qui n’attend plus le plan d’action gouvernemental en habitation promis par la CAQ depuis 2021, mais qui s’attend minimalement à ce que des programmes gouvernementaux adéquats soient mis en place.
Dans l’objectif à moyen terme que la part de logements sociaux atteigne 20% au Québec, le FRAPRU et ses membres du Grand Montréal demandent la planification de 50 000 nouveaux logements sociaux sous différentes formes, en 5 ans, dont 24 000 à Montréal.
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Informations et demandes d’entrevue :
Véronique Laflamme, FRAPRU : 418 956-3403
Catherine Lussier, FRAPRU : 514 231-2309
Francis Dolan, RIL : 514-569-1789