Le Québec doit doubler son parc de logements sociaux d’ici 15 ans! disent les membres du FRAPRU réunis en congrès

Sherbrooke, le 9 juin 2024 – Au terme d’un congrès de trois jours tenu à Sherbrooke, le Front d’action populaire en réaménagement urbain réclame que la part de logements sociaux passe de 10,5 % à au moins 20 % de l’ensemble des logements locatifs du Québec, ce qui exige un accroissement majeur des investissements des gouvernements fédéral et québécois. La centaine de participant·es de diverses régions considèrent qu’il s’agit d’une voie privilégiée pour sortir de la crise qui frappe durement les locataires du Québec et faire progresser le droit au logement.

Le FRAPRU explique que la perspective de faire monter à 20 % le pourcentage de logements sociaux et communautaires semble maintenant partagée par les principaux regroupements du secteur de l’habitation sociale et est même mise de l’avant par des municipalités comme Montréal, Longueuil et Sherbrooke.

« Non seulement cet objectif est tout à fait atteignable, mais il s’agit d’une condition nécessaire à une sortie de crise! C’est la sécurité, la santé et la capacité à répondre aux autres besoins de base d’un nombre grandissant de ménages locataires qui sont actuellement mises à mal. Les groupes membres du FRAPRU en sont témoins tous les jours : leur détresse est de plus en plus extrême » dénonce Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

Déjà, lors du recensement de 2021, le quart des locataires du Québec, soit 373 615 ménages, consacraient plus que la norme de 30 % de leur revenu pour se loger. « Avec un revenu médian de moins de 24 000 $ par an, ils ne peuvent plus se payer les logements disponibles », insiste la porte-parole. De ce nombre, 128 795, consacrent plus de la moitié de leur revenu pour se loger, avec un maigre revenu annuel médian de 16 800 $ et 49 895 d’entre eux sont dans la situation extrême où ils consacrent plus de 80% de leur revenu au loyer. « Si on veut éviter que de plus en plus de locataires tombent dans le mal-logement, la précarité ou l’itinérance, il faut investir massivement dans le logement social et communautaire sous différentes formes et il faut planifier son développement sur plusieurs années. Les villes et les milieux ont besoin de plus de prévisibilité », insiste madame Laflamme.

« On ne se sortira pas de la crise si l’on ne prend pas les mesures pour freiner l’inabordabilité grandissante en même temps qu’on augmente l’offre de logements », martèle Véronique Laflamme. Le FRAPRU demande à Québec de se donner une cible claire de 10 000 logements sociaux par année, sous forme d’OSBL, de coopératives d’habitation et de HLM, autant en construction neuve, en recyclage de bâtiments, que par l’acquisition de bâtiments locatifs existants. En maintenant ce rythme sur 15 ans, le Québec pourrait doubler son parc de logements sans but lucratif. Selon le regroupement, à cette fin, le gouvernement du Québec doit notamment utiliser des mesures fiscales progressives et les fonds provenant du gouvernement fédéral destinés au logement.

Pour accélérer la cadence et s’assurer que les logements construits répondent aux besoins des locataires à faibles et modestes revenus, au lieu de multiplier les annonces hors-programme, les membres du FRAPRU demandent à Québec de se doter sans attendre d’un ou de plusieurs programmes financés adéquatement, pérennes et dédiés uniquement au logement social. Il faut non seulement modifier le Programme d’habitation abordable – Québec (PHAQ), mal adapté, mais il faut aussi la mise sur pied d’un programme HLM et d’un programme québécois d’acquisition de logements locatifs privés par des coopératives, des OSBL, des Offices municipaux d’habitation (OH) et des municipalités, pour les sortir du marché spéculatif. À l’instar de ce que font certaines municipalités et des nouveaux programmes projetés par le gouvernement fédéral, le FRAPRU demande au gouvernement québécois de mettre en réserve des bâtiments et terrains publics excédentaires à des fins de logement social. Le FRAPRU et ses membres feront connaître activement ces demandes dans le cadre de la campagne « La clé, c’est le logement social ».

Depuis 2021, les ministres caquistes de l’habitation qui se sont succédé, promettent un plan d’action gouvernemental en habitation qui se fait toujours attendre. L’objectif d’augmenter considérablement la part occupée par le logement social sur le parc locatif doit être un des piliers de ce plan d’action, selon le FRAPRU. Une politique en habitation est aussi nécessaire pour clarifier la vision gouvernementale et s’assurer que le socle de ses interventions soit la mise en œuvre progressive du droit au logement.

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Informations et demandes d’entrevue :

Véronique Laflamme, FRAPRU : 418 956-3403