Les témoignages livrés en Montérégie ont encore une fois mis en évidence le mauvais sort réservé aux ménages pauvres en matière de logement. La famille Poulin, de Longueuil, en a fait la triste expérience.
Kathy Poulin, mère monoparentale de trois enfants malades, loue un 4 ½, à 690 $ par mois, « parce qu’un 5 ½, ce serait au-dessus de nos moyens », a-t-elle précisé. Situé au-dessus d’espaces de rangement non chauffés, l’appartement s’avère très mal isolé. L’hiver, elle et ses enfants doivent porter des manteaux à l’intérieur. À cause du froid, des tuyaux ont gelé et il y a eu des dégâts d’eau; un plafond a crevé et est resté ainsi pendant des années.
À cause de ses revenus insuffisants — 661 $ par mois, plus les allocations familiales — Kathy doit verser son loyer en deux temps, une partie au début du mois, avec le chèque d’aide sociale, et l’autre, le 20, quand les allocations familiales sont déposées. Elle est toujours stressée parce que le propriétaire pourrait demander à la Régie du logement son éviction à cause de ses « retards fréquents ». Elle a évidemment besoin d’un logement social, mais la Ville n’a que 2276 HLM pour les familles et une liste d’attente de 1782 ménages.
À l’audience populaire du 28 septembre, on nous a également raconté l’histoire de familles de Saint-Hyacinthe qui ont été évincées par leur propre mairie pour faire place à un stationnement. Elles habitaient dans trois immeubles comptant 11 logements, pas chers, tous en bon état, situés en plein centre-ville. Le site a fait l’objet d’un échange entre la ville et un promoteur immobilier : pour qu’il puisse construire une résidence haut de gamme de 200 unités pour aînéEs, l’administration municipale lui a cédé un autre stationnement du secteur et a décidé de le remplacer en sacrifiant les trois immeubles locatifs.
Les 11 ménages concernés ont d’abord reçu un avis d’éviction au début décembre 2016, sous prétexte d’un changement d’affection non précisé. Une semaine plus tard, la Ville de Saint-Hyacinthe a acheté les trois immeubles. Les locataires se sont donc adressés à elle pour obtenir des réponses à leurs questions et pour demander que le projet de démolition soit abandonné. La Ville a refusé catégoriquement : tous les locataires devaient quitter avant le 1er juillet 2017; elle leur a seulement offert de verser des dédommagements valant trois mois de loyer et de rembourser leurs déménagements.
Enfin, Serge Dufour, de Beauharnois, a témoigné de la succession des problèmes de logement qu’il vit depuis la perte de son emploi, l’entreprise ayant été délocalisée au début des années 2000. Âgé alors de 45 ans, Serge n’a jamais réussi à se trouver un nouveau travail. Seul, il a d’abord emménagé dans des petits logements et a fait une demande de HLM. Pour économiser, mais à contrecœur, il a loué en colocation. L’absurdité de la situation, c’est que cela l’a fait reculer dans la liste d’attente de l’office municipal d’habitation. À Beauharnois, il n’y a que 113 HLM, tous pour personnes âgées.