Montréal, le 21 novembre 2023 – « Comme il le fait depuis six ans avec sa Stratégie nationale sur le logement, le gouvernement Trudeau fait miroiter des milliards de dollars qui auront bien peu d’impacts sur l’offre de logements pour les personnes et les familles à faible revenu qui vivent le plus durement les crises du logement ». C’est en ces termes que Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), a qualifié les 15 milliards $ que la ministre des Finances, Chrystia Freeland, consent à partir de 2025-2026, en prêts à des conditions avantageuses à des promoteurs de logements locatifs dans le cadre du Programme de prêts pour la construction d’appartements (anciennement Initiative Financement de la construction de logements locatifs). Le FRAPRU craint que, comme c’est le cas maintenant, ces sommes servent très majoritairement à la construction d’appartements à des coûts beaucoup trop élevés pour les ménages à faible et modeste revenus, surtout s’ils sont réalisés par le marché privé de l’habitation répondant à la logique du profit.
Le regroupement québécois de défense et de promotion du droit au logement considère que seul le logement social peut parvenir à offrir des logements réellement accessibles financièrement, parce qu’il échappe à cette logique. En ce sens, le FRAPRU accueille plus positivement l’annonce d’un fonds d’un milliard $ destiné uniquement au secteur sans but lucratif (OSBL d’habitation, coopératives et logements publics) dans le Fonds national pour le co-investissement pour le logement (maintenant Fonds pour le logement abordable). Il estime que cet apport, en plus d’être largement insuffisant, aura peu de retombées au Québec qui n’a reçu que 6 % des sommes utilisées jusqu’ici dans ce fonds. Malgré cet apport de fonds nouveaux, qui se fera seulement à partir de 2025-2026, les groupes devront avoir recours à d’autres sources de financement pour compléter les montages financiers puisqu’il ne s’agit pas d’un programme se suffisant à lui-même. Le FRAPRU apprécie également que le gouvernement verse 309,3 millions $ supplémentaires pour un nouveau programme de coopératives. Il attend toujours d’en connaître les détails, alors que ce nouveau programme a été annoncé dans le budget de 2022.
Le FRAPRU salue par ailleurs la volonté du gouvernement libéral de chercher à réduire le nombre de locations à court terme sur Airbnb là où elles sont déjà restreintes, comme c’est le cas au Québec, en réduisant les déductions fiscales dont leurs propriétaires peuvent bénéficier. « Il faudra cependant attendre pour voir quels effets concrets aura cette mesure, surtout si elle n’est pas aussi adoptée par Québec », estime Véronique Laflamme.
Le FRAPRU se désole que le gouvernement de Justin Trudeau n’ait pas profité de cette mise à jour économique pour réaffecter davantage des sommes consacrées aux différentes initiatives de sa Stratégie sur le logement au logement social, hors marché privé, afin de permettre d’augmenter significativement la part qu’il occupe sur le parc de logements locatifs.
Lancement de la campagne « logement social et droits humains »
Le FRAPRU, comme plusieurs organisations à travers le Canada, appuie les demandes de la campagne « Logement social et droits humains », lancée aujourd’hui, pour presser le gouvernement fédéral à répondre à ses obligations de réaliser le droit à un logement décent en construisant un minimum de 500 000 nouveaux logements sociaux en 10 ans, dès le budget 2024. « Ce lancement est une première étape vers une mobilisation pancanadienne. Il est temps qu’Ottawa fasse sa part pour aider davantage les ménages locataires ayant des besoins impérieux de logement. Les investissements prévus dans l’énoncé économique sont insuffisants pour permettre aux ménages locataires à faible et modeste revenus de faire face aux conséquences désastreuses de la crise du logement », conclut Catherine Lussier, organisatrice communautaire au FRAPRU.
Pour informations :
Catherine Lussier : 514 231-2309 (cell.)
Véronique Laflamme : 418 956-3403 (cell.)