Le FRAPRU alarmé par les nouvelles hausses de loyer anticipées

Montréal, le 21 janvier 2025 – Alors que le Tribunal administratif du logement (TAL) publie ses « pourcentages applicables pour le calcul des augmentations de loyer » pour 2025, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s’inquiète des conséquences de la hausse effrénée du coût des loyers au Québec, particulièrement pour les ménages locataires les plus vulnérables. Le regroupement note que les estimations moyennes du TAL pour 2025, sont les plus importantes depuis au moins 1988, soit 37 ans, dans le cas de logements chauffés à l’électricité par les propriétaires, et depuis 1992, soit 33 ans, dans le cas des logements non chauffés.

Alors que déjà l’an dernier les hausses moyennes calculées par le TAL étaient les plus élevées en plus de 3 décennies, les hausses de cette année battent de nouveaux records.  Le regroupement craint que l’inflation dans le coût du logement ne continue à s’accélérer. « C’est comme une spirale dans laquelle sont pris les locataires : parce qu’il y a de l’inflation dans le coût du logement, l’estimation moyenne augmente de façon plus importante et parce que les loyers augmentent de façon importante, l’inflation du coût des logements continue d’augmenter », déplore la porte-parole de l’organisation, Véronique Laflamme.

Devant la hausse rapide du coût du loyer au Québec et l’inabordabilité des rares logements disponibles, le FRAPRU presse encore une fois le gouvernement du Québec d’agir, avant qu’il ne soit trop tard. « Plusieurs locataires n’ont déjà plus la marge de manœuvre pour payer 60 $, 80 $ ou 100$ de plus par mois et sont actuellement abandonnés à leur sort vu l’insuffisance de logements sociaux » s’inquiète Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU. La cherté des logements a déjà des conséquences dramatiques dans nos communautés, comme l’insécurité résidentielle et l’itinérance qui continuent d’augmenter » insiste-t-elle.

Les estimations moyennes du Tribunal administratif du logement (2025):

Logements chauffés par les locataires: 5,9 %

Logements chauffés par les propriétaires
à l’électricité: 5,5 %
au gaz: 5,0 %
au mazout: 4,1 %

Toutes ces hausses rapides de loyer contribuent à l’effritement tout aussi rapide du parc de logements locatifs encore abordables. Le FRAPRU rappelle que le rapport de la SCHL sur le marché locatif de l’automne 2024 démontrait qu’il y avait déjà très peu de logements disponibles pour les ménages à faible et modeste revenu. Depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ en 2018, le loyer moyen au Québec a augmenté de 47% atteignant 1119$ par mois.

Selon le FRAPRU, la pénurie de logements locatifs qui affecte la presque totalité des municipalités du Québec et la cherté des logements rendent la période de renouvellement des baux encore plus difficile. Le regroupement invite les locataires à la vigilance : « des propriétaires pourraient demander des hausses encore plus salées, qu’ils ne devraient pas être en droit de solliciter, dénonce sa porte-parole, Véronique Laflamme. Elle invite les locataires à bien s’informer de leurs droits et d’avoir trouvé un logement de remplacement avant de signifier une intention de non-renouvellement du bail. Le FRAPRU est cependant bien conscient de l’absence d’alternatives pour les locataires qui n’arrivent déjà plus à joindre les 2 bouts et presse le gouvernement de François Legault de financer un minimum de 10 000 logements sociaux et communautaires sous différentes formes par année dans son prochain budget.

À l’instar du Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le FRAPRU demande à Québec de s’assurer que le TAL revoit sa méthode de calcul, notamment afin de ne plus y inclure une prime au profit automatique pour les propriétaires, de mettre en place un contrôle obligatoire et universel des loyers par le TAL. Il demande également la mise en place d’un registre public et universel des loyers afin de contrer les hausses abusives lors du changement de locataire.

On peut refuser une hausse de loyer et demeurer dans son logement

Le FRAPRU rappelle aux locataires qu’ils et elles peuvent refuser la hausse de loyer demandée par leur propriétaire et toutes autres demandes de modifications au bail, tout en demeurant dans leur logement[1]. L’avis doit indiquer clairement cette option. Il leur recommande de s’appuyer sur le formulaire de calcul du RCLALQ et ses estimations moyennes, pour juger des nouvelles conditions demandées par leur propriétaire. Il leur suggère également de s’adresser au comité logement ou à l’association des locataires de leur région, ville ou quartier pour obtenir de l’aide dans leurs calculs et leurs démarches.

Plus pressant que jamais de financer des alternatives au marché privé

Face à l’absence de solutions pour les milliers de ménages locataires à faible et modestes revenus qui risquent d’être évincés chaque année, faute de revenu suffisant pour être en mesure de payer leur loyer, le FRAPRU presse l’administration Legault d’agir en amont. « Ça doit être une priorité de son prochain budget. Vu le manque criant de logements à prix abordable et les prix prohibitifs qui ne redescendront pas, le gouvernement Legault doit donner un grand coup, afin de doubler le nombre de logements sociaux au Québec, en 15 ans. Pour ce faire, il doit mettre en place des programmes financés adéquatement et dédiés au logement social sous forme de HLM, de coopérative ou d’OSBL d’habitation », conclut Véronique Laflamme. Selon le FRAPRU, il est plus que temps que le gouvernement provincial adopte un programme d’acquisition de logements locatifs afin de préserver les logements de la spéculation, de les rénover et de permettre aux ménages qui y habitent de mieux y vivre, sans compromettre la réponse à leurs autres besoins essentiels.

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[1] Sauf s’ils et elles habitent dans un immeuble construit depuis 5 ans ou moins. L’augmentation de loyer doit alors être indiquer sur le bail pour les 5 premières années. Une exception que déplore le FRAPRU qui demande également au gouvernement Québécois de retirer cette clause du bail de la loi.