LA CRISE AU COEUR DES RÉGIONS

Alors que la crise du logement affecte à présent toutes les régions du Québec, comment se manifeste-t-elle localement ? Des entretiens avec des comités logements nous donnent un aperçu de ses conséquences sur les communautés en Estrie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Mauricie, en Outaouais et au Bas-St-Laurent.

Image régions

Sherbrooke : expansion à double tranchant

Résumé de l’entretien avec Mario Mercier,
Association des locataires de Sherbrooke

L’expansion urbaine et l’afflux d’étudiant.es ont longtemps caractérisé le marché locatif de Sherbrooke. La baisse du nombre de logements disponibles à la location ces dernières années a changé la donne. Les locataires restent désormais plus longtemps dans leurs logements. De plus, l’embourgeoisement du centre-ville, avec la construction d’immeubles de plusieurs étages, contribue à la disparition rapide des logements encore abordables, rendant difficile l’accès à un logement décent des ménages locataires à faible et modeste revenus contraints de déménager. L’Association des locataires de Sherbrooke lutte pour le logement social et pour maintenir ses services, malgré des défis de financement persistants

 

Mauricie : insalubrité et besoins non satisfaits 

Résumé de l’entretien avec Claude Jalette,
Infologis Mauricie

En Mauricie, l’insalubrité des logements est un problème majeur, exacerbé par le manque de politiques municipales efficaces et d’actions concrètes contre les propriétaires négligents. Les hausses de loyer impactent durement les aîné.es et les populations marginalisées, tandis que la superficie étendue de la région pose des défis logistiques pour les organisations de défense des locataires. Soulignons tout de même l’inauguration au début de 2024 du complexe Waska Witcihitowin, qui offre 42 logements sans but lucratif pour étudiant.es autochtones et leurs familles à Trois-Rivières.

 

Gatineau : une pression immobilière dévorante

Résumé de l’entretien avec François Roy,
Logemen’Occupe

À Gatineau, la crise du logement atteint des niveaux alarmants. Les loyers y sont les plus élevés au Québec et la pénurie de logements accentue les difficultés. Les familles cherchant désespérément un logement abordable sont nombreuses, tandis que les personnes seules se retrouvent souvent livrées à elles-mêmes. Le tout provoque une accélération sans précédent de l’itinérance dans la région. Malgré les défis, Logemen’occupe continue de lutter pour la pérennisation des mesures d’urgence et la création de tables de concertation sur le logement.

Saguenay : changement de paysage

Résumé de l’entretien avec Sonia Côté,
Loge M’entraide

Dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, la crise se manifeste par une augmentation de la spéculation, des rénovictions, des problèmes d’isolation des logements et une perte de contact entre locataires et propriétaires, remplacés par des compagnies de gestion. L’augmentation spectaculaire des loyers, loin de suivre les revenus, rend la situation insoutenable pour de nombreux locataires. Malgré tout, Loge m’entraide continue de se battre pour la construction de logements sociaux et pour défendre les droits des locataires. Notons qu’après plus de dix ans de luttes, le projet de coopérative la Solidarité a finalement obtenu la confirmation d’un financement gouvernemental en étant sélectionné dans le PHAQ. Considérant l’inadéquation du programme, l’incertitude demeure, tant que le chantier n’a pas débuté !

Bas-St-Laurent : une mobilisation en marche

Résumé de l’entretien avec Thomas Savy,
Comité logement Bas-Saint-Laurent

Dans le Bas-St-Laurent, l’itinérance visible et les évictions en augmentation témoignent de l’urgence de la situation, après quelques années de pénurie extrême. Les populations vulnérables, telles que les femmes âgées, sont particulièrement affectées par la crise. Cependant, des victoires récentes, comme l’adoption d’une résolution de la mairie de Rimouski, demandant formellement à la ministre responsable de l’Habitation de bonifier de manière substantielle le financement québécois en matière de logement social, montrent le pouvoir de la mobilisation locale face à la crise.

En conclusion, si aucune région n’est épargnée par la crise du logement, la résilience et la détermination
des comités logement, des associations de locataires du Québec et leurs membres sont plus que jamais
nécessaires pour obtenir des améliorations réelles aux politiques sociales. Alors que les plus récentes Perspectives
du marché de l’habitation de la SCHL prédisent que les taux d’inoccupation atteindront de nouveaux planchers et que le
loyer moyen ne cessera de croître, les situations dramatiques vécues par les locataires partout au Québec ne doivent pas être
normalisées.