Québec, le 5 novembre 2014 – Le FRAPRU a lancé un cri d’alarme, en marge de la rencontre fédérale-provinciale-territoriale des hauts responsables de l’Habitation qui se déroule aujourd’hui à Québec. Le FRAPRU affirme que la fin prochaine des subventions fédérales à 565 850 logements sociaux existants au Canada, dont 125 550 au Québec, représente une grave menace pour ces logements et surtout pour leur pleine accessibilité financière aux ménages à plus faible revenu. Il réclame que le gouvernement fédéral s’engage dès maintenant à renouveler l’ensemble de ces subventions, lorsque les ententes de financement actuelles se termineront.
Le FRAPRU presse par ailleurs les provinces et les territoires de porter la même demande dans leurs discussions avec le fédéral qui est représenté à la rencontre par le président de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), Evan W. Siddall.
Pour bien faire entendre leur message, 75 locataires et membres du FRAPRU et de groupes alliés ont manifesté devant le Château Frontenac, où se tenait la conférence, casseroles et poêles à frire à la main.
Un enjeu majeur
Même s’il ne finance plus directement de nouveaux logements sociaux depuis le 1er janvier 1994, le gouvernement fédéral continue de verser 1,7 milliard $ par an pour les appartements annoncés avant ce moment. Ces subventions sont toutefois de durée limitée et certaines ont déjà pris fin au cours des dernières années. La cadence s’accélèrera en 2015. Pas moins de 25 000 logements sociaux cesseront alors de recevoir les subventions qu’Ottawa leur accorde depuis des décennies.
Au Québec, ce sera notamment le cas de 2032 logements, regroupés dans 88 coopératives d’habitation. François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, explique les conséquences d’un tel désengagement : « Toutes les subventions reçues par ces coopératives servent à verser une aide financière aux locataires à très faible revenu qui occupent entre 15 % et 50 % de leurs appartements. Faute d’une telle aide, ces personnes et ces familles vont devoir payer beaucoup plus cher pour se loger qu’elles ne le font actuellement ». Présente à la manifestation, Stéphanie Michaud, membre de la coopérative Grandir en ville de Québec, indique qu’à partir de 2016, elle devra mois après mois payer 245 $ de plus en loyer, à cause de la fin de la subvention que la SCHL verse à sa coop: « C’est beaucoup d’angoisse pour les personnes qui vivent la situation et qui ne savent pas ce qui va arriver ».
À terme, 37 500 logements coopératifs et sans but lucratif du Québec auront perdu les subventions qu’elles reçoivent de la SCHL, dont au moins la moitié entre 2015 et 2020.
Comme si ce n’était pas suffisant, 88 050 logements sociaux additionnels, ceux-là sous la responsabilité du gouvernement québécois, seront affectés par la fin des subventions fédérales. Il s’agit de tous les HLM, de même que de logements coopératifs, sans but lucratif et même privés qui ont tous en commun de s’adresser exclusivement à des ménages à très faible revenu. Le Québec reçoit présentement 333 millions $ par an d’Ottawa pour ces logements. Cette somme se réduira graduellement, au fur et à mesure de l’extinction des subventions. La facture du gouvernement québécois grossira d’autant. Il cherchera assurément des moyens de la réduire, lorsqu’elle lui apparaîtra trop importante. La hausse des loyers des locataires des logements sociaux pourrait alors être envisagée, tout comme la privatisation d’une partie du parc de logements sociaux.
Un parc précieux
« Le parc actuel de logements sociaux est précieux non seulement pour les locataires qui y demeurent, mais aussi pour tous ceux qui en ont un urgent besoin et qui pourraient y accéder à l’avenir », affirme François Saillant. Il ajoute que « le gouvernement fédéral a une responsabilité à l’égard des 775 500 ménages locataires canadiens, dont 228 000 au Québec, qui doivent, mois après mois, payer plus de la moitié de leur revenu en loyer, souvent pour demeurer dans des logements de mauvaise qualité, trop petits pour la taille de leur famille ».
Le FRAPRU précise que, dès 2016, Ottawa sauvera davantage d’argent avec la fin des subventions aux logements sociaux actuels que les 250 millions $ qu’il consacre annuellement à l’aide aux ménages toujours en difficulté à travers le Canada, avec son Investissement dans le logement abordable. « C’est honteux », conclut François Saillant.
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