Depuis sa mise en œuvre en 1997, le programme AccèsLogis a permis de construire quelques 29 000 unités de logements sociaux au Québec. Bien sûr, c’est insuffisant. Et ça l’est encore davantage dans les régions dites « éloignées » pour lesquelles des mesures particulières ont été mises en place afin d’y favoriser le développement de logements sociaux, mais, quelques années plus tard, ont été abandonnées.
Depuis 1997, l’Abitibi-Témiscamingue n’a pas reçu sa juste part en matière de logement social : seulement 388 unités y ont été construites dans le cadre d’Accès-Logis. 388… En vingt ans! C’est une aberration dans une région où la population endurait une pénurie de logements sans précédent, avec un taux d’inoccupation à moins de 1% à Amos, Val-d’Or et Rouyn-Noranda.
Au secours!
Il était pourtant nécessaire qu’un tel programme, pour être efficace, soit élaboré en tenant compte de réalités démographiques et économiques particulières à chaque ville ou région. En tenant compte, aussi, que la pauvreté, elle, se trouve partout.
Il aura tout de même fallu que, pour la mise en application de certaine de ces mesures, les régions de la Gaspésie, de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec se fassent entendre. Il aura fallu que les éluEs de l’Abitibi-Témiscamingue, pousséEs par les hauts cris des groupes sociaux, réclament du gouvernement, de toute urgence, des « mesures spéciales » pour faire face à des coûts de construction supérieurs en régions éloignées. De plus, il s’agit de régions pour lesquelles la contribution du milieu imposée par AccèsLogis était bien trop élevée. Il aura fallu attendre jusqu’en 2012 avant que cette série de mesures permette vraiment à tous les milieux de profiter d’Accèslogis.
La fin des mesures
Une augmentation de 5% du coût maximum admissible pour fins de subventions, une majoration par unité de logement allant jusqu’à 4000$, puis en 2012, jusqu’à 8000$ lorsque le coût de réalisation par unité excède le coût maximal fixé par le programme et, surtout, une aide à l’occupation du territoire lorsque la part du milieu demeure trop élevée après l’application de cette mesure. Voilà ce qui aura permis de construire une bonne partie des logements sociaux en région. Or, évoquant l’épuisement des enveloppes budgétaires, le gouvernement libéral ne les a pas reconduites.
Résultat : 11 projets compromis en Abitibi-Témiscamingue, 201 unités de logement qui ne sortiront pas de terre, 54 millions de dollars qui ne seront pas investis pour la qualité de vie de personnes vulnérables. Tout cela alors que le prix moyen des loyers a grimpé de 35% en dix ans, là où le taux d’inoccupation est encore sous la barre des 3%, et où, par conséquent, les proprios n’en ont que faire du programme de suppléments au loyer (PSL) sur le marché privé.
par Bruce Gervais, coordonnateur de l’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue (ALOCAT)