Coupes dans les programmes d’aide à l’emploi pour les personnes vivant avec un handicap ou un problème de santé mentale, suppressions de postes dans les centres de santé partout au Québec et réduction de services essentiels aux personnes malades, compressions records dans les universités et dans les cégeps, diminution des sommes allouées à l’aide aux devoirs et à l’aide alimentaire dans les écoles, coupes dans les programmes d’aide au retour à l’emploi à l’aide sociale, compressions dans la protection de la faune, fin du financement de l’entretien de la route verte, etc. Tous les jours, la lecture des nouvelles nous montre les impacts dramatiques des politiques d’austérité adoptées par le gouvernement libéral de Philippe Couillard.
Toutes ces mesures résultent du premier budget présenté en juin 2014 par le ministre des Finances, Carlos Leitão. Or, celui-ci en suivait d’autres, libéraux ou péquistes, eux aussi axés sur l’austérité. Il ne pouvait que mener au saccage actuel, avec comme conséquences, la réduction de la qualité et de l’accessibilité aux services publics et un dangereux glissement vers la privatisation.
Tarification = inégalités
Pendant ce temps, la « révolution tarifaire », initiée par le gouvernement Charest en 2010, s’est poursuivie. Les gouvernements successifs ont choisi de hausser les tarifs en invoquant la supposée urgence d’atteindre l’équilibre budgétaire. À la hausse du tarif patrimonial d’Hydro-Québec, à l’instauration et au maintien d’une taxe santé, à la hausse des frais de scolarité et aux augmentations de la Taxe de vente du Québec (TVQ), s’ajouteront sous peu de nouvelles hausses aux tarifs des CPE et des services de garde. De façon insidieuse, le gouvernement instaure le principe d’utilisateur-payeur comme façon de financer les services.
Toutes ces mesures de fiscalité régressives ont un poids démesuré sur le budget des personnes à faible revenu et appauvrissent la classe moyenne. Le nombre record de débranchements effectués par Hydro-Québec cette année témoigne bien de leurs conséquences.
Objectif: transformer notre société
Les mesures d’austérité déjà annoncées sont d’une telle iniquité qu’on croirait que le fond du panier a été atteint. C’est loin d’être le cas. Dans son budget, le ministre Leitão annonçait que, pour atteindre l’équilibre budgétaire dès 2015-2016, il devait aller chercher 3,2 milliards $ de plus. Pour trouver où couper, il a mis sur pied une Commission de révision permanente des programmes, dont les membres, grassement payés, partagent une idéologie de droite. Les premières recommandations de cette commission, rendues publiques à la fin novembre, ne trompent pas : elles justifient les prochaines mesures drastiques du gouvernement. Pendant ce temps, la Commission d’examen de la fiscalité québécoise, qui mène des travaux parallèles, a un mandat à court terme plutôt ridicule dans les circonstances : trouver 650 millions $, en revoyant les dépenses fiscales.
Les efforts, pour revenir à l’équilibre budgétaire, seront presque essentiellement concentrés sur les dépenses publiques du gouvernement. Or, c’est la baisse de ses revenus qui explique en bonne partie la situation déficitaire des finances publiques. Depuis la fin des années 1990, les cadeaux fiscaux et les baisses d’impôt, qui ont surtout bénéficié aux contribuables les plus fortunés et aux entreprises, nous ont privés d’au moins 5 milliards $ par année.
Pourtant, le gouvernement du Québec refuse de considérer des alternatives fiscales pour aller chercher des revenus supplémentaires. Ce refus de faire contribuer les plus riches démontre bien le véritable projet derrière ses politiques d’austérité : transformer l’État et accélérer la mise en œuvre des politiques néolibérales. Il ne s’y prendrait pas mieux pour réduire le rôle de l’État dans l’économie et dans la société et pour laisser plus de place aux entreprises privées, qui, elles, sont à la recherche de nouvelles sources de profits. Pour y arriver, il tente d’éliminer ce qui nuit… et d’évidence notre filet social en fait partie.
Cela fait déjà plusieurs années que les gouvernements successifs ont pris ce virage: en 1996, sous prétexte de déficit zéro, en 2003, de réingénierie et en 2012, de « révolution culturelle ». Les résultats ont été désastreux. Tout ce qu’ils ont réussi à faire a été de réduire les marges de manœuvre de l’État, de telle sorte que Québec ne fait plus face à ses obligations, notamment en matière de respect des droits humains. La classe moyenne, les femmes, les personnes en situation de pauvreté, les étudiantes et les étudiants, les personnes âgées, paient le prix fort de ces mesures, pendant que les riches s’enrichissent.
Photo: La grande manifestation du 31 octobre dans les rues de Montréal (photo : André Querry).