Comme partout où est passée la Tournée du FRAPRU, des cas d’insalubrité ont été dénoncés à l’audience de Trois-Rivières, et de nombreux témoignages ont démontré que les locataires se retrouvent avec très peu de recours, voire sans aucun, lorsqu’ils sont à faible revenu.
La situation d’Étienne Duval, une personne seule, assistée sociale, disposant de seulement 628 $ par mois, est particulièrement éloquente. Étienne a raconté qu’il a dû déménager 14 fois en 14 ans, se retrouvant constamment dans des logements en mauvais état et-ou trop cher pour lui. Son avant dernier logement lui coûtait 440 $ par mois; avec le solde, il ne parvenait pas à assumer ses autres besoins de base. À force, il en a perdu le sommeil. Étienne a salué sa « chance » de vivre maintenant dans un HLM où il peut se détendre.
Alex Provencher a, lui aussi, durement subi les conséquences d’un logement mal entretenu par son propriétaire. Jusqu’à tout récemment, il a habité dans un demi-sous-sol où il y a eu plusieurs infiltrations d’eau dont le propriétaire ne s’est pas soucié. La moisissure a fini par s’installer et le plafond d’une chambre est tombé. Pendant des mois, Alex a réclamé des travaux que le propriétaire reportait sans cesse, lui reprochant presque, à chaque fois : « ton loyer est tellement pas cher! ». À plusieurs reprises, il a également menacé Alex de s’introduire dans ce qu’il considérait comme « son » propre logement, sans prévenir. Finalement, faute de réparations, la Ville de Trois-Rivières a déclaré le logement inhabitable et l’a condamné. Alex a dû emménager dans un appartement beaucoup plus cher et attend toujours une décision de la Régie du logement pour sa demande de dédommagement.
Puis, il y a eu le témoignage spontané de Roger Lemay, pour qui tout a basculé, il y a quatre ans, quand les infiltrations se sont succédées, au point que l’eau s’échappait du plafonnier et que le plafond d’une des chambres est tombé. Des champignons noirs sont apparus, de même qu’une colonie de fourmis charpentières. Des fenêtres cassées n’ont pas été réparées. Monsieur Lemay admet qu’il aurait dû déménager plus tôt, mais il a hésité à le faire puisque le propriétaire promettait constamment des travaux. Il a finalement demandé au propriétaire de « casser son bail », ce qu’il a refusé. S’appuyant sur un rapport impitoyable de l’inspecteur de la Ville, monsieur Lemay et sa conjointe ont fait un abandon de logement en cours de bail; la Ville a condamné l’immeuble peu après. Son nouveau logement est beaucoup plus cher que le précédent, loin de son quartier d’appartenance et son déménagement lui a également coûté cher. Entre temps, l’immeuble a été vendu.
Ces témoignages démontent que, non seulement il faut offrir des alternatives décentes, en logement social, aux ménages à faible revenu, mais qu’il est également urgent de fournir de meilleurs recours aux locataires dans les cas d’insalubrité.