Québec, le 11 mai 2013 – Plusieurs centaines de personnes venues de Montréal, de la Montérégie, de l’Estrie, de la Mauricie, du Saguenay-Lac Saint-Jean et de la Capitale nationale manifesteront dans les rues de Québec, cet après-midi, pour réclamer la poursuite des subventions que le gouvernement fédéral verse, depuis des décennies, à 127 000 logements sociaux existants, dont quelque 15 000 dans la ville même de Québec. À l’invitation du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), elles se rassembleront à 13h00 au Jardin Saint-Roch, coin de la Couronne et Charest est, pour par la suite sillonner les rues des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur.
Le FRAPRU se dit très inquiet des conséquences de la fin prévue de ces subventions qui, dans plusieurs cas, se termineront dès 2014 et 2015. Son coordonnateur, François Saillant, s’en prend ouvertement au gouvernement conservateur : « Non seulement le gouvernement Harper n’accorde-t-il que des miettes pour la construction de nouveaux logements sociaux, mais il s’apprête à laisser tomber ceux qui existent déjà, sans penser aux conséquences de ce retrait sur les locataires à faible revenu qui y demeurent, mais aussi à toutes les personnes et toutes les familles qui en auront besoin dans l’avenir ». Il déplore que la ministre responsable de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), Diane Finley, continue de faire la sourde oreille aux demandes des organismes qui la pressent d’annoncer dès maintenant la poursuite de ces subventions. Il espère que la manifestation d’aujourd’hui contribuera à la faire changer d’attitude, à deux semaines de la rencontre qu’elle doit avoir à ce sujet, le 23 mai, à Ottawa, avec le ministre québécois des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault.
Le FRAPRU explique que, sur les 127 000 logements concernés, près du tiers reçoivent des subventions directement de la SCHL. Il s’agit de coopératives d’habitation, de logements sans but lucratif et d’habitations situées dans les réserves autochtones. Dans ces cas, l’arrêt des subventions fédérales signifiera du même coup la fin de l’aide financière versée aux locataires à faible revenu qui demeurent dans une partie des logements pour leur permettre de payer des loyers inférieurs à ceux des autres locataires à revenu un peu plus élevé. Leur loyer pourrait doubler et, dans certains cas, tripler. Les logements, eux, seront beaucoup moins accessibles financièrement pour les 261 000 ménages locataires qui, selon les données mêmes de la SCHL, en ont présentement besoin, dont 24 000 à Québec.
Le FRAPRU ajoute que tous les autres logements en jeu relèvent du gouvernement québécois, par le biais de la Société d’habitation du Québec (SHQ). Tous les HLM du Québec en font partie, ainsi que des coopératives d’habitation, des logements sans but lucratif et même des logements privés, tous entièrement destinés à des ménages à très faible revenu. Les conséquences seront plus indirectes pour ces locataires, puisque c’est le gouvernement québécois qui se retrouvera avec un manque à gagner, en raison de la fin des subventions fédérales. Ce manque à gagner augmentera au fil des ans pour atteindre 130 millions à terme, selon les évaluations de la SHQ. « Que fera alors le gouvernement québécois, se demande François Saillant. Acceptera-t-il d’augmenter sa propre part pour compenser la fin des subventions fédérales ou se tournera-t-il vers les locataires pour leur demander de payer davantage ? Ne sera-t-il pas même tenté de se débarrasser d’une partie des logements pour absorber le trou financier qui sera ainsi créé ? Toutes les hypothèses sont malheureusement sur la table. »
Le regroupement, formé de 155 groupes à travers le Québec, dont 14 à Québec, entend continuer ses pressions pour que le gouvernement fédéral annonce la poursuite des subventions fédérales. Il lui demande également d’annoncer immédiatement une contribution financière adéquate pour la rénovation des logements sociaux concernés qui datent tous de plusieurs décennies. Les coopératives et les logements sans but lucratif relevant de la SCHL ne reçoivent présentement aucune subvention à cet effet, alors que le gouvernement québécois n’a aucune assurance quant à la volonté fédérale de continuer à appuyer ses efforts de rénovation, d’amélioration et de modernisation de son parc de logements sociaux.