Québec, le 25 mars 2021 — « Le gouvernement n’a pas compris l’urgence d’agir », telle est la réaction du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) au troisième budget intitulé Un Québec résilient et confiant présenté aujourd’hui par le ministre des Finances, Éric Girard. Selon la porte-parole du regroupement pour le droit au logement, Véronique Laflamme, « pour améliorer la résilience du Québec comme il le prétend, le budget aurait dû prévoir des investissements beaucoup plus ambitieux pour le logement social et annoncer un plan sur plusieurs années ». Le regroupement est d’autant plus déçu que près de la moitié des investissements annoncés proviennent des fonds fédéraux
Alors que la pénurie de logements s’étend dans plusieurs municipalités et que les loyers montent en flèche, le FRAPRU est en partie soulagé que le gouvernement ait prévu le financement de nouvelles unités, comme lui demandaient non seulement les organismes communautaires, mais aussi de nombreuses municipalités. Or, les 500 unités budgétées sont très largement insuffisantes pour répondre rapidement aux besoins urgents des 244 120 ménages locataires qui avaient des besoins impérieux de logement lors du dernier recensement, et ce avant la pandémie et la pénurie des dernières années. « Comparativement aux besoins, ça semble une goutte d’eau Pour les regroupements communautaires en habitation, le seuil minimal était de 5000 nouvelles unités pour la prochaine année. La Ville de Montréal, à elle seule, demandait 1500 unités, pour pouvoir atteindre son objectif de 6000 logements sociaux durant le présent mandat de l’administration Plante, alors que celle de Québec en réclamait 500 par année pour les 5 prochaines années.. Selon le FRAPRU, le manque d’ambition du gouvernement Legault est d’autant plus inexplicable que le Québec disposait d’un montant rétroactif de plus de 132,6 millions $ reçu d’Ottawa, en vertu de la nouvelle Entente Québec-Canada sur le logement.
500 nouvelles unités pour tout le Québec !? Des besoins qui ne peuvent plus attendre
Le FRAPRU s’indigne que les conséquences dévastatrices du mal-logement et du manque de logements abordables mises en lumière durant la pandémie, ne soient pas prises en compte dans les priorités de la relance. « 500 unités, ça ne permettra pas de répondre aux besoins variés et urgents exprimés partout au Québec, comme ceux des personnes en situation d’itinérance, des femmes victimes de violence conjugale, des Autochtones vivant en milieu urbain, des personnes aînées, de celles en situation de handicap, des familles vivant dans des logements surpeuplés. Toutes ces personnes sont encore abandonnées et condamnées à attendre des mois pour accéder à un logement décent », déplore Véronique Laflamme.
À cet égard, le FRAPRU est déçu de l’absence d’un plan pour les prochaines années. « Il aurait fallu annoncer dès maintenant les sommes pour que les organismes publics et communautaires puissent planifier dès maintenant des projets de logements sociaux pour les années à venir », explique Véronique Laflamme. Pour sa part, le FRAPRU demandait au gouvernement de lancer sans plus attendre un grand chantier de 50 000 logements sociaux en 5 ans.
Les milliers de logements promis mais pas livrés : un dossier enfin réglé?
Le FRAPRU se réjouit que le budget prévoit les sommes manquantes pour compléter le financement des les logements sociaux qui avaient déjà été annoncés avant l’arrivée du gouvernement Legault, même s’il s’inquiète que le budget ne mentionne seulement 5000 de ces logements, alors qu’autour de 11 000 logements déjà annoncés par le passé ne sont toujours pas réalisés. Il espère qu’avec la hausse marquée des coûts de construction, les 250 M $ prévus à cette fin suffiront à réaliser pour de bon l’engagement électoral de la CAQ à ce sujet. .
Des HLM qui demeureront barricadés
Les sommes additionnelles prévues au Plan québécois des infrastructures sont légèrement supérieures (10 M $) à celles de l’an dernier, mais largement insuffisantes pour rénover adéquatement les logements HLM en état de vétusté, dont les 350 qui sont toujours barricadés à Montréal, s’inquiète le FRAPRU. Pourtant, en vertu de l’Entente Québec-Canada sur le logement, Québec pouvait compter cette année sur 85 M $ de plus du fédéral pour ces travaux de rénovation.
Enfin, le FRAPRU reçoit positivement l’annonce d’une bonification du soutien aux municipalités offrant des services d’aide d’urgence aux ménages qui se retrouvent sans logis et l’octroi de 200 suppléments au loyer d’urgence, dans un contexte de pénurie, pour aider les locataires sans logis à trouver un logement et signer un bail. Il a d’ailleurs émis plusieurs recommandations pour améliorer le programme québécois, suite aux écueils constatés l’an dernier.
Le regroupement doute par ailleurs de l’utilisation des 400 suppléments au loyer sur le marché privé prévus pour répondre à des besoins spéciaux exprimés par des personnes vulnérables à très faible revenu, que ce soit des personnes en situation d’itinérance ou à risque de l’être, des femmes victimes de violence conjugale qui doivent se reloger de toute urgence, avant même de régler leur situation financière, ou encore des jeunes sortant des ressources d’hébergement de la DPJ. Selon le FRAPRU, toutes ces personnes ont besoin d’un logement social avec soutien communautaire pour être définitivement à l’abri.
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Véronique
Laflamme, porte-parole du FRAPRU; 418 956-3403 (cell.)