Une immense bannière rappelle l’urgence d’investir dans le logement social

Montréal, le 3 novembre 2022 – Depuis tôt ce matin, une bannière géante sur laquelle on peut lire « Urgent : 50 000 logements sociaux en 5 ans » est visible au pied du pont Jacques-Cartier. À quelques semaines de la rentrée parlementaire à Québec, alors que le ministre des Finances prépare une mise à jour économique, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) déplore lui aussi la lenteur avec laquelle continuent de se réaliser les projets de coopératives et d’OSBL d’habitation, ainsi que ceux projetés par les offices d’habitation; il presse le gouvernement Legault à passer à la vitesse supérieure.

Le regroupement de défense du droit au logement s’inquiète de la dureté de la crise actuelle et des situations d’extrême précarité dans lesquelles sont abandonnés un nombre grandissant de ménages locataires à faibles et à modestes revenus. Il presse le gouvernement caquiste d’annoncer immédiatement une planification sur 5 ans d’au moins 10 000 nouveaux logements sociaux par année. Le regroupement demande que cela soit fait par le biais de constructions neuves pour lutter contre la pénurie, mais aussi par l’achat, puis la rénovation d’immeubles existants et qu’ils soient transférés à des propriétaires sans but lucratif. Selon le FRAPRU, en sortant les logements locatifs encore abordables du marché spéculatif, Québec en freinera la disparition. « Les personnes mal-logées n’ont pas le luxe d’attendre plus longtemps! C’est une question de survie. Le nouveau gouvernement Legault doit absolument donner tous les outils aux organismes communautaires et aux municipalités pour agir, et vite! », explique Véronique Laflamme, porte-parole du regroupement

Le FRAPRU demande aussi au gouvernement de confirmer, dès la mise à jour économique qu’il prévoit en décembre, que le programme AccèsLogis  – dédié depuis 25 ans au développement du logement social – est toujours en vigueur pour de nouveaux projets en finançant immédiatement de nouvelles unités. « Seulement 500 nouveaux logements ont été budgétés dans le programme, durant le dernier mandat de la CAQ. C’est du jamais vu depuis sa création. C’est incompréhensible en pleine crise du logement. Le gouvernement Legault doit profiter de ce nouveau mandat pour changer de cap et assumer ses responsabilités envers les 177 728 ménages locataires dont le droit au logement est compromis en ce moment parce qu’ils vivent dans un logement trop cher, trop petit, ou insalubre », invoque Véronique Laflamme, ajoutant que de tels choix politique nuisent, voire bloquent le développement de nouveaux projets. En plus des nouvelles unités requises, le FRAPRU lui demande de prévoir de combler le financement afin que soient enfin construits les projets actuellement bloqués, qui totalisent à eux seuls plus de 9000 unités.

« Les locataires font les frais de la crise du logement la plus profonde des dernières décennies, la situation du logement se détériore rapidement dans toutes les régions, les locataires s’appauvrissent, d’autres qui se retrouvent sans-logis et tombent dans l’itinérance visible et cachée; ça prend un plan à la hauteur de leurs besoins. Ces situations n’ont rien de banales, elles sont très violentes pour les ménages qui les vivent et ne doivent pas être tolérées dans une société riche comme la nôtre », dénonce Véronique Laflamme. Pour le FRAPRU, ne planifier que 7000 nouveaux logements sociaux et abordables comme promis en campagne électorale par la CAQ, alors que 37 500 ménages locataires à faibles et revenus attendent déjà pour un logement social subventionné, serait cynique et condamnable

Le regroupement rappelle au passage que le nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), conçu par la CAQ, ne garantit pas qu’une part des logements ainsi subventionnés seront réservés et accessibles aux ménages les plus pauvres. 

Quant au gouvernement fédéral –qui déposera aujourd’hui sa mise à jour économique – il a lui aussi un rôle à jouer dans le financement d’un grand chantier de logements sociaux rappelle le regroupement pour le droit au logement. Selon le regroupement, les sommes découlant de sa stratégie sur le logement aboutissent encore trop lentement au Québec et devraient être mieux ciblés pour aider les ménages ayant les plus grands besoins. « Cela dit, le gouvernement du Québec doit utiliser les sommes d’Ottawa pour augmenter ses objectifs de développement de logements sociaux, pas pour remplacer ses propres investissements, ce qu’il n’a pas fait depuis l’annonce de l’Entente sur le logement avec Ottawa », ajoute la porte-parole.

Bien que les coûts de construction, ceux du foncier et les taux d’intérêts augmentent, le FRAPRU rappelle que le Québec et le Canada se sont engagés à mettre en œuvre le droit au logement, au maximum des ressources disponibles. « Or, les finances publiques vont bien.  C’est le temps de renforcer le filet social, pas celui de diminuer les impôts au bénéfice des mieux nantis. Surtout que les retombées de l’inaction actuelle vont être beaucoup plus dispendieuses que la construction de logements sociaux à la hauteur des besoins, sans compter le coût social. On ne peut pas abandonner les personnes mal-logées », conclut Véronique Laflamme.

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