Montréal, le 29 juin 2022 – Alors que quelques centaines de ménages, dont de nombreuses familles sont à risque de se retrouver sans-logement le 1er juillet, que le prix des loyers explose et que les évictions se multiplient, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) réagit au dévoilement d’un sondage, réalisé par Léger pour le compte de l’Observatoire des tout-petits qui détaille les conséquences de la crise du logement pour les familles et leurs enfants. Le sondage révèle notamment que 47% des parents locataires vivent un stress élevé en lien avec leur situation d’habitation. Selon le FRAPRU, les données confirment l’urgence d’agir. Il presse de nouveau le gouvernement québécois de s’engager davantage pour que le droit au logement des enfants soit mieux respecté au Québec, notamment en investissant davantage dans le logement social.
La pénurie de grands logements familiaux au Québec, préexistante à la crise actuelle, est particulièrement alarmante rappelle le FRAPRU. Selon les données les plus récentes de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), seulement 18 logements de 3 chambres à coucher et plus sur mille sont en location, à l’échelle du Québec. À Gatineau, Rouyn-Noranda, Trois-Rivières, Victoriaville, Saguenay et à Sherbrooke, Joliette, Rimouski et aux Îles-de-la-Madeleine, le taux d’inoccupation pour les grands logements familiaux est pratiquement nul, se situant entre 0% et 0,9%. « Puis parce que qu’ils sont souvent jugés moins rentables, les grands logements sont négligés par les promoteurs privés et ceux qui se construisent sont hors de prix », dénonce Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.
Les familles sont plus souvent qu’autrement victimes de discrimination lors de la recherche d’un logement, jusqu’à devoir mentir au sujet des enfants, particulièrement pour celles à faible revenu et-ou monoparentales. Plus du tiers d’entre elles doit dépenser 30% et plus de son revenu pour les dépenses de logement, avec un revenu annuel médian de seulement 23 680 $. Il n’est donc pas étonnant que le sondage de l’Observatoire révèle que pas moins de 57% des parents locataires éprouvent du stress à l’idée de ne pas être en mesure de boucler les fins de mois. « Cette situation amène 3 familles locataires sur 5 à modifier leurs habitudes de consommation pour arriver à payer leur loyer, en coupant dans les activités avec les enfants, les vêtements, ou dans des besoins aussi fondamentaux que l’alimentation révèle le sondage. C’est indécent dans une société riche comme la nôtre de ne pas faire plus pour éviter ces situations ! », réagit la porte-parole du FRAPRU.
Faute de logements abordables adaptés à leurs besoins, les familles locataires se retrouvent trop souvent obligées de d’accepter de vivre dans un logement, trop cher, trop petit, ou encore insalubre. Toujours d’après l’Observatoire, pas moins de 30% des parents d’enfants de 0 à 5 ans affirment que leur logement ne répond pas à leurs besoins, souvent en raison d’un manque d’espace. Selon la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, la cherté des logements ou des situations de surpeuplement augmentent les risques des enfants de développer des troubles de santé ou de développement cognitif, langagier ou socioaffectif. Les situations de surpeuplement ont aussi un impact sur le développement des enfants ainsi que leur réussite éducative, leur sentiment, d’intimité, le stress et augmentent les risques de tensions familiales, voire d’abus.[1]
L’instabilité résidentielle aurait également un impact important sur le développement des enfants. L’Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants de maternelle révèle d’ailleurs que les enfants amenés à déménager trop souvent sont plus à risque d’être vulnérabilisés au niveau de leur santé physique et morale, de leurs compétences sociales, de leur maturité affective, de leur développement cognitif et langagier, de leurs habiletés de communication ou encore de leurs connaissances générales. De même, le stress chronique pouvant être vécu par les parents menacés d’éviction peut nuire à leur capacité d’interagir et de prendre soin adéquatement de leurs enfants, en faisant preuve de plus d’impatience ou en augmentant le risque de maltraitance. « Que dire de la situation des trop nombreux enfants séparés de leurs parents en ce moment par la DPJ, ou qui craignent de l’être, non pas parce qu’ils sont mauvais, mais parce qu’ils n’ont pas trouvé de logement? », interroge Véronique Laflamme.
Alors que de trop nombreuses familles vivent une crise du logement à tous les mois, que des dizaines d’entre elles risquent de se retrouver à la rue durant la période des déménagements, faute de logements répondant à leurs besoins et respectant leur capacité de paiement, comment le gouvernement Legault peut-il continuer à abandonner les familles sur son territoire? », s’insurge Madame Laflamme. Elle demande au gouvernement Legault d’adopter des mesures ambitieuses permettant de sortir durablement les familles locataires d’une situation insoutenable. « Ça prend des logements sociaux et vite ! », explique-t-elle, rappelant que les logements publics de type HLM gérés par les offices d’habitation, les coopératives d’habitation et les organismes sans but lucratif d’habitation permettent notamment de construire de grands logements adaptés aux besoins des familles, mais que ce type de logements est actuellement financé au compte-goutte.
Comme l’observatoire des tout-petits, le FRAPRU pense qu’il faut favoriser le logement social, une réponse pérenne et adaptée aux besoins des familles locataires. À l’approche des élections, le FRAPRU demande à tous les partis de prendre des engagements pour la réalisation de 50 000 nouveaux logements sociaux et communautaires, en cinq ans.
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Pour informations et demandes d’entrevue :
Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU : 418 956-3403 (cell.)
[1] Mémoire à la commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, produit par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), mai 2020, p. 83.