Cinq ans après la tenue de la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, le FRAPRU a souhaité actualiser le portrait du mal-logement au Québec en organisant, dans le cadre de sa campagne « Le logement, un droit! », une Tournée pour le droit au logement s’arrêtant dans 5 villes, en 5 semaines. À partir du 6 septembre, des témoignages de ménages mal-logés ont été entendus à Gatineau, Rouyn-Noranda, Trois-Rivières, Longueuil et Montréal.
Tout au long de la Tournée, des locataires pauvres ont parlé d’insalubrité, de discrimination, de dénis aux droits à la vie privé et à la sécurité, de violences vécues par les femmes dans leur logement et de cherté des loyers, en plus des lourds obstacles pour faire reconnaître leurs droits et exercer un recours. Trop ont dénoncé l’état déplorable des logements qu’ils ont les moyens de se payer, sur le marché locatif privé.
Dans chacune des villes, les besoins étaient criants, les problèmes complexes, mais les solutions évoquées claires : il faut davantage de logements sociaux pour permettre aux ménages à faible revenu de se loger décemment en fonction de leur revenu ; il faut sortir de la logique marchande qui considère le logement comme une commodité sur laquelle on spécule, et enfin faire respecter le droit au logement en tant que droit humain.
Des militantes et des militants de plusieurs régions ont assisté aux audiences populaires pour y entendre les témoignages, une manière de continuer à tisser les liens de nos solidarités et d’appuyer les luttes locales.
Au terme de la première audience, à Gatineau, Leilani Farha, Rapporteure spéciale de l’ONU sur le droit au logement convenable, a affirmé que ces problèmes sont systémiques. Elle a conclu en promettant d’interpeler Jean-Yves Duclos, ministre fédéral responsable de la prochaine Stratégie canadienne sur le logement, pour qu’il y reconnaisse formellement le droit au logement.
En effet, Ottawa est sur le point d’adopter la première Stratégie canadienne sur le logement, l’occasion de faire avancer le droit au logement, si le gouvernement Trudeau investit les 11,2 milliards $ promis dans le budget de mars 2017, dans le logement social, et ce dès maintenant. Le financement fédéral est notamment indispensable pour assurer l’accessibilité financière des logements sociaux existants et le développement de nouveaux logements sociaux dans toutes les provinces et tous les territoires.
Pour tout le Québec, le gouvernement Couillard va financer, cette année, seulement 3000 nouveaux logements sociaux. Il n’a toujours pas mené à terme la révision du programme AccèsLogis, actuellement caduque. Les paramètres qu’il utilise pour calculer le coût de construction datent de 2009; les coopératives et les OBNL d’habitation n’arrivent plus à livrer leurs projets. Le FRAPRU réclame plutôt 50 000 nouveaux logements sociaux, sur 5 ans, pour le Québec.